Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев
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La tournure que l’affaire des paysans a prise justifie et le plan que je Vous avais proposé pour leur nouvelle constitution, et les craintes que je Vous avais témoignées. Ma manière de voir n’était que trop juste. Pour avoir accordé trop de condescendance à la noblesse Vous allez avoir de nouveau le désagrément de recevoir de nouvelles réclamations sur les amendements que Sivers a obtenus. Buddenbrock et Gersdorf sont déjà en route à cet effet. Il n’y a aucun point fixe dans le travail des commissions3. Celle de Dorpat a même trouvé plus commode et plus expéditif de s’établir tout simplement en ville. Tout se termine très promptement et à la fois on Vous demandera un cordon pour cette preuve extraordinaire de zèle et d’activité.
Je suis navré à l’aspect de tout cela, plus pour Vous, mon Héros, que pour la chose publique; car enfin la providence saura venger les outrages qu’on lui fait. Mais Vous – Vous aviez mérité plus de succès.
«Priez l’Être suprême de m’accorder ce qui me manque» – tels furent Vos dernières paroles à notre séparation. O mon Alexandre! Que puis-je demander pour toi à l’objet de notre adoration? Je n’ai qu’une prière: qu’il Vous pénètre de Vos devoirs de despote. – Je souffre cruellement à Vous voir ainsi la proie d’un système de condescendance, qui assure à la perversité le second grand triomphe sur l’humanité, qui Vous prépare des remords qui devraient être inconnus à une âme sublime comme la Vôtre!!!
Dieu tout-puissant! Protège mon Bien-Aimé.
Je Vous presse contre mon cœur. Aimez toujours
Votre Parrot.
75. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat], 10 août 1805
Sire!
Comment Vous remercier du nouveau bienfait que Vous nous avez accordé? Les circonstances sous lesquelles Vous l’avez fait font presque oublier le bienfait lui-même1. Mon cœur a tout calculé. Il n’y a que mon Alexandre qui puisse agir ainsi. J’ai annoncé cette nouvelle preuve de Vos bontés à l’étranger relativement aux mouvements guerriers qui doivent résoudre le grand problème de la situation des États de l’Europe, pour qu’on juge par là des forces intérieurs de la Russie. Mais, Sire, ce grand problème à la solution duquel Vous travaillez, ne se résoudra pas tout-à-fait de la manière que Votre Cabinet croit peut-être. Permettez-moi de Vous présenter dans le mémoire ci-joint les idées que m’a suggéré l’aspect présent de l’Europe. Vous m’avez permis autrefois de Vous parler sur cet objet si important. Je crois qu’il est de mon devoir de Vous fournir la continuation, et si j’ai tort dans mes vues, Vous me pardonnerez en faveur de motif. Il est vrai que je ne connais pas l’intérieur des cabinets. Mais cet intérieur mène rarement à des résultats solides. La vraie marche des affaires ne se règle pas sur des déclarations ou sur des intentions, mais sur les relations qui résultent nécessairement de la vraie situation des États, et pour juger de ces relations la connaissance des faits antérieurs suffit.
J’ai vu le célèbre Franck à son passage. On désire l’employer à Pétersbourg; et l’on a raison. Mais il ne pourra être vraiment utile qu’en le faisant directeur général du département médicinal. Le charger d’une branche particulière c’est ne rien faire, et l’on devrait être charmé de posséder un homme sous lequel tous les médecins de tous les rangs se rangeront sans répugnance. Toute l’Europe ne possède pas son second, et, qui plus est, toute l’Europe le sait.
La noblesse de Livonie Vous fera une représentation pour assurer un revenu plus honorable au surintendant général de Livonie2. Le surintendant actuel a été jusqu’ici obligé de réunir une seconde place à celle-là pour pouvoir vivre décemment. Mais il n’est ni décent ni utile au bien public de faire une pareille réunion qui d’ailleurs ne peut plus durer à raison du travail énorme qui en résulte, surtout sous Votre règne où tout est animé d’une nouvelle activité. La noblesse demande l’arrende3 de la petite terre de Colberg pour doter la place de surintendant. Cette terre est, il est vrai, assignée à l’Université; mais comme l’affaire de nos Haken n’est pas terminée, il importe peu à l’Université que cette terre lui reste ou non, et nous le céderons volontiers pour nous concilier le clergé dont l’influence sur les écoles paroissiales sera si marqué.
J’ai employé quelques jours de mes soi-disantes vacances à visiter une école paroissiale provisoirement établie depuis 8 mois à la cure du pasteur préposé Roth. Que ne puis-je Vous faire part de ce que j’ai éprouvé à cet aspect! Que ne puis-je faire passer dans Votre âme les sentiments délicieux que ces jeunes gens m’inspiraient! Je songeais à Vous et l’idée que Vous ne verrez jamais une école paroissiale troublait la joie que j’éprouvais.
Je Vous supplie ardemment de faire décréter les séminaires de campagne et les écoles paroissiales des villes4.
Je sens bien que je ne dois pas Vous rappeler en ce moment le Comité des requêtes, puisque, à ce qu’on m’écrit de Pétersbourg, Vous êtes sur le point de faire un voyage5. Plût au Ciel que Dorpat se trouvât sur Votre route!
Annexe
Coup d’œil sur l’état actuel de l’Europe en cas de guerre
Tirons une ligne de Cap Orso à l’extrémité méridional du golfe de Venise, par Constance, Mannheim et Emden à frontière orientale de la république Batave <Belgique>. Tout le continent à gauche de cette ligne forme l’Empire de Bonaparte, dont il ne porte pas, il est vrai, le titre, mais des forces duquel il peut disposer. Car le Portugal est tenu en respect par l’Espagne, qui elle-même est tributaire de la France, de même que les républiques batave et helvétique et la haute Italie; et avant le premier coup de canon il s’empare de la moyenne et basse Italie. Le reste du continent de l’Europe avec l’Angleterre est intéressé à se ligner contre la Monarchie unie dont cette partie du monde