Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев
Шрифт:
Интервал:
Закладка:
J’aime mon Alexandre. S’il m’aimait la moitié autant, le quart, je serais heureux. – Je suis heureux.
Annexe
[Projet d’article pour la gazette concernant la bataille d’Austerliz]1
Le résultat de la bataille d’Austerlitz est si clair par les suites qu’il a eues qu’on ne conçoit pas pourquoi la France a jugé à propos de donner des rapports outrés et infidèles de cette bataille. L’Europe et surtout la nation russe attendent avec raison notre relation. L’amour de la vérité, le désir de n’annoncer que des faits bien avérés l’a retardé jusqu’ici. En attendant il est peut-être nécessaire d’instruire le public sur plusieurs faits erronés des bulletins français surtout dans le 30e.
Le général Savary n’a parlé qu’à deux personnes de la suite de l’Empereur, et vu plusieurs adjudants des différents corps qui apportaient des rapports de leurs chefs ou leur portaient des ordres. On ne laisse pas parler au général ennemi à tant de personnes. Le langage du Prince Dolgorouky a pu déplaire au chef de la nation française2. Mais ce grand capitaine semble avoir oublié un moment que la nation russe n’est pas du nombre de celles qui se sont rangées sous sa protection.
Le bulletin évalue l’armée des Alliés à 105 000 hommes, c.à.d. 80 000 Russes et 25 000 Autrichiens, l’armée française à un nombre de beaucoup moindre. Pourquoi ce nombre n’est-il pas allégué? L’armée française, outre le corps de réserve, était composée de 4 grandes divisions de 20 000 hommes d’infanterie et 3000 hommes de cavalerie, chacune d’elle commandée par un maréchal et deux généraux de division. L’armée combinée était composée de 52 000 Russes et à peu près 17 000 Autrichiens.
Mais cette infériorité du nombre était le moindre désavantage de l’armée russe. Le défaut de vivres était si grand que pendant les deux jours qui ont précédé la bataille, elle n’a presque eu aucune nourriture. L’Empereur Lui-même a partagé ce sort malheureux et imprévu de ses fidèles soldats. Les chevaux étaient si exténués faute de fourrages qu’ils ne pouvaient plus traîner l’artillerie, qui pendant la bataille n’a pu opérer que sur les points où elle avait d’abord été placée. C’est ce défaut de vivres et de fourrages qui, en ôtant la possibilité de rester plus long à Austerlitz ou de prendre une position en arrière, a forcé l’Empereur contre sa propre conviction, à livrer une bataille dont le succès ne reposait que sur la bravoure des troupes.
La garde impériale, dont le bulletin annonce qu’elle a perdu tous ses drapeaux, les possède tous et en a enlevé un à l’ennemi. Les autres corps en ont perdu non pas 40, mais 24.
La perte de 20 000 Russes noyés enfonçant sous les glaces des lacs est un conte. Les lacs n’étaient pas gelés ce jour-là.
L’armée combinée doit avoir perdu à cette bataille 15 000 tués et 20 000 prisonniers (y comprend-on aussi les noyés?). Après tant de marches forcées, tant de maladies causées par la faim et les fatigues, après tant de combats sur le Danube et en Moravie la perte totale de toutes les armées russes ne se monte pas à plus de 15 000 hommes. Si elle eût été aussi considérable que le bulletin l’annonce, pourquoi n’a-t-on pas poursuivi les Russes qui après l’affaire sont resté encore plus de 24 heures sur le champ de bataille? L’armistice n’a été conclu qu’avec l’Empereur d’Allemagne, et ce n’est qu’à sa sollicitation que les Russes se sont retirés3. Le bulletin français même dit que pendant qu’on négociait avec l’Autriche, l’armée française poursuivait ses succès. Pour relever l’éclat de cette journée le bulletin annonce que la garde française n’a pas été dans la mêlée, et cependant le même bulletin dit plus haut qu’un bataillon français ayant été culbuté par la garde russe, Bonaparte y détacha le Maréchal Bessières et que bientôt les deux gardes en furent aux mains.
C’est ainsi que les bulletins français fourmillent de faux rapports mal couverts par les déclarations sur le bruit affreux que faisaient 200 000 hommes et deux cents pièces de canon. Peut-il être de l’intérêt d’un grand capitaine de souffrir de pareilles relations? La postérité qui s’en tient toujours à la vérité s’étonnera de voir cette ombre au tableau de la gloire d’un homme de si grandes qualités, et qui a agi si puissamment sur son siècle.
85. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 18 janvier 1806
Ferai-je de la peine à mon Bien-Aimé en lui rappelant qu’aujourd’hui c’est le sixième jour depuis la dernière soirée délicieuse qu’Il m’a donnée? Non. Il connait mes devoirs. Je dois faire et rendre les comptes de l’Université et de toutes les écoles à la fin de ce mois1. Vous sentez que pour être et paraître digne de Vous je dois me mettre à l’abri de tout reproche, même le plus secret. Malheur à moi et à la cause que je défends de toute mon âme, malheur à Votre cause, si j’oublie un instant ce principe! Voilà pourquoi je Vous presse. Votre Parrot ne doit jamais être en faute.
J’ai employé ces six jours et j’espère Vous le prouver. – Quand pourrez-Vous voir Votre ami, cet être qui voudrait ne penser, n’agir, n’exister que pour Vous?
86. Alexandre IER à G. F. Parrot
[Saint-Pétersbourg, 20 janvier 1806]1
J’avais espéré trouver un moment pour Vous voir cet après-dîner mais cela m’est de toute impossibilité. Mais je vous attends demain pareillement après-dîner à 6 heures.
Tout à vous.
[Paraphe]
87. Alexandre IER à G. F. Parrot
[Saint-Pétersbourg, 21 janvier 1806]
Je me trouve dans le cas de Vous engager de venir demain à la même heure n’ayant plus un moment pour Vous recevoir aujourd’hui.
Tout à vous.
[Paraphe]
88. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 22 janvier 1806
Sire!
Quand d’un coup d’œil j’embrasse les relations uniques qui m’unissent à Vous j’ai peine à comprendre la hauteur à