Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев
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L’effet de l’alliance avec la France sera le partage de la Turquie européenne. Ce n’est point l’ambition qui le dictera de la part de la Russie, mais sa sûreté. Avant la campagne qui vient de se terminer ce partage eût été injuste. Cet État eût pu végéter sans risques pour la Russie. Il était même de notre intérêt de laisser entre nous et la Méditerranée cette masse d’inertie pour amortir les chocs qui pourraient résulter du contact immédiat de l’ouest et du sud-est de l’Europe. Mais à présent la Porte doit tomber et c’est au mauvais gouvernement et à l’esprit de la nation que sa chute doit être attribuée encore plus qu’aux conjonctures politiques.
Le partage que la Russie peut désirer, qui peut-être satisfera tous les partis et fournira une base sûre pour l’avenir, est le suivant: La Bosnie et Ragouse, la Servie, un tiers de la Walachie jusqu’à l’Aluta, et un quart de la Bulgarie jusqu’à l’Iskra, à l’Autriche. La Moldavie, deux tiers de la Walachie, la Bessarabie, ¾ de la Bulgarie, la Romanie jusqu’aux Dardanelles et Lemnos à la Russie. L’Albanie, la Macédoine et la Grèce, y compris Corfou, Cefalonique et autre, doivent former une Monarchie à part qui ramène les arts sur le territoire de l’ancienne Grèce. L’Archipel, y compris Négrepont, ouvrant ses ports aux nations de la Méditerranée et de la mer Noire, formera une république sous la protection du nouvel État grec. La France aura l’Égypte et l’Isthme de Suez, ce qui lui conviendra des États barbaresques, et Malte et Candie, si on peut l’exclure de la Morée, son projet étant de rétablir le canal de Memphis pour avoir la plus courte route aux Indes, et faire tomber le commerce oriental des anglais.
La Russie gagne à ce partage non seulement des provinces fertiles mais surtout une nouvelle côte de la mer Noire, le Danube et la mer de Marmara pour le commerce, et frontières couvertes par des montagnes presque inaccessibles. Son commerce se fera au centre de l’ancien monde. Les denrées de l’Orient lui viendront de la France à meilleur prix, ses productions s’échangeront avec cette puissance avec autant d’avantage qu’avec l’Angleterre, la France en ayant le même besoin.
L’Angleterre humiliée ne sera plus maîtresse de rassurer notre commerce de la Baltique, quand nous aurons un débouché au Sud et un concurrent dans l’achat de nos chanvres et de nos bois.
La France accédera volontiers à ce partage qui remplit ses vues sans la forcer à des hostilités qui détourneraient pour un temps ses ressources du but auquel elle vise et retarderaient au moins le moment de la jouissance.
Enfin l’humanité gagnera à ce partage. Les pays qui ont été le berceau et le départ des sciences et des arts lorsque l’Europe était barbare, la Grèce, l’Égypte, le reste de la côte septentrionale de l’Afrique se réveilleront du long assoupissement où la tyrannie du fanatisme les a plongés.
89. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 24 janvier 1806
Je ne puis quitter Pétersbourg sans Vous écrire encore une fois. Votre image me suit partout. En vain je veux l’éloigner, en vain je veux me reposer sur la Providence, Vous confier à Elle. Je ne le puis. Être chéri! La Divinité me paraît presque un trop faible garant pour Vous. Écoutez la voix de Votre ami. Il me semble que c’est la dernière fois que je Vous parle.
L’incertitude, l’avant-coureur certain des malheurs, règne dans Votre Ministère. Les opinions sont partagées et chacune d’elles est vague. Des factions de cour se forment à la sourdine et paralysent le zèle de Vos fidèles. Vous êtes sur la défensive tandis que Vous devriez attaquer. Ralliez-Vous à ce que Vous avez du meilleur, à Novossilzoff, Czartorisky, Kotschubeÿ. Mettez Klinger au nombre de ces Affidés, Klinger qui a l’âme forte et du génie. Ne remettez pas au lendemain. Rassemblez-les dès aujourd’hui. Parlez-leur avec cet enthousiasme de la vertu, avec ce sentiment de Vos devoirs que Vous concentrez peut-être trop depuis quelque temps. Échauffez leur âme, présentez-leur le tableau de la situation de l’Empire, faites-leur sentir la nécessité d’agir avec vigueur, et que chacun d’eux Vous jure solennellement de prendre, d’appuyer, d’exécuter de toutes ses forces le parti que Vous prendrez. Puis appointez-les au lendemain. Qu’alors chacun parle et soutienne son avis de tous ses motifs. Après cela délibérez seul avec Vous-même, et que Votre décision soit exécutée avec zèle et promptitude.
Il faut donner une secousse à la marche des affaires. Elle a été déjà donnée au dehors. Si Vous ne Vous mettez pas au pair à l’intérieur, Vous succomberez. Six semaines sont déjà perdues. Six heures seraient de trop. Le plus actif des hommes, le plus terriblement conséquent, ne peut être vaincu que par ses propres armes. Donnez plus de temps au travail. Si la journée Vous suffisait pendant la paix, allongez la journée dans ce moment de crise. Laissez à l’intérieur le temps qu’il a toujours eu, et prenez sur les autres heures ce qu’il Vous faudra pour l’extérieur. Que chaque jour le conseil des fidèles ait séance; que chaque jour soit marqué par leur activité, dont rien ne doit ralentir la marche. Écrivez Vous-même le protocole des séances. C’est le plus sûr moyen de Vous saisir du fil des opérations, de Vous accoutumer au vrai travail, d’en donner la passion à Vos amis.
Je sais combien je Vous demande. Mais Vous êtes à la fleur de l’âge, au période de la vie qui déploie le plus de force. Si aujourd’hui Vous ne devenez pas mon Héros, jamais Vous ne le serez. – Vous voyez que j’écrase toutes les convenances, à dessein. Je veux allumer le feu de Votre génie étouffé sous la pourpre. Pourquoi Vous aimerais-je? Je suis ambitieux, pour