Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев
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Appuyer sur des connaissances solides ce n’est pas prêcher le pédantisme. L’histoire de nos jours ne prouve que trop bien que l’art de régner est de même le plus compliqué, et consiste proprement dans l’art d’être fait à tout, de ne tenir à aucune forme, d’être inépuisable en mesures, c.à.d. d’être conséquent, et pour l’être il faut que l’esprit soit nourri et non boursouflé.
Je Vous ai parlé de Vous, et de ce second Vous-même que Vous nous donnerez bientôt – peut-être trop longuement. Mais Vous savez que je Vous aime avec la tendresse d’une mère, avec l’attachement d’un fils. Mon cher Alexandre! – Je vais rentrer encore pour quelques instants dans mon rôle de professeur. Je serai court.
Vous nous avez ôté les Haken5. C’est le premier malheur qui est frappé l’Université, et il est irréparable. Je sais tout ce qu’on Vous a dit pour Vous engager à cette démarche. Mais j’ai tout pesé, longtemps avant que d’autres se soient mêlés de cette affaire; et je dis encore: c’est un grand malheur pour l’Université, un mal pour tout l’Empire. Je Vous en donnerai un jour les détails de bouche, si cela Vous intéresse. Mais le mal est fait, et je ne Vous en parle que pour prévenir un plus grand mal, celui qui menace les écoles paroissiales. Voilà un an et demi que l’on a su traîner la chose. On a su, malgré Votre ordre précis, mutiler le plan que Vous aviez Vous-même envoyé au Directoire, de manière à le rendre impraticable et odieux, et ensuite on l’envoie aux provinces pour avoir leur avis! – Nos gymnases, nos écoles de district sont terminés. Tout est fait pour cette partie, et j’espère d’une manière qui fera honneur à l’Université et même à Votre règne. Mais si on parvient à ruiner le plan des écoles paroissiales, j’avoue que je perdrai tout intérêt aux écoles de toute espèce, j’abhorrerai tout ce que j’ai fait dans cette partie. J’aurai honte de n’avoir pu travailler qu’à faire des savants, tandis que je voulais travailler à faire des hommes. Je Vous supplie par tout ce qui Vous est cher, par cet amour ineffable des hommes qui fait le caractère de Votre cœur, par la postérité qui Vous jugera d’autant plus sévèrement que Vous avez si bien commencé, je Vous supplie de ne rien décider sans m’avoir entendu sur tout ce qu’on Vous présentera. Faites-moi venir à Pétersbourg, pour que je puisse démasquer ouvertement le plan d’iniquité qui mine Votre plan. Je Vous proposerai des mesures qui Vous éviteront sûrement les dégoûts que Vous a causé l’affaire des paysans6. Souvenez-Vous de ce que je Vous ai dit autrefois sur cette affaire. Je Vous ai prédit tous ces dégoûts, toutes ces contradictions qui minent la confiance et ne mettent pas seulement le respect à la place. – Ne prenez pas ce langage énergique pour de la violence. O mon Alexandre! Vous l’avez fait une fois7, et cent fois l’expérience doit Vous avoir prouvé que Vous Vous trompiez.
Le Comte Savadovsky est très malade. S’il meurt, pensez à Klinger pour le remplacer. Il faut une tête à la tête de ce Ministère. Sous lui Dorpat a fleuri et s’est élevé. Sous lui toutes les Universités russes fleuriront et s’élèveront. Donnez-nous Novossilzoff à sa place, puisqu’il n’a pas encore d’Université8. – Novossilzoff! Je souffre beaucoup de savoir que les anciennes relations ne sont plus les mêmes. Je lui ai écrit par le dernier courrier pour lui faire sentir qu’il ne doit pas y avoir de sa faute. Je lui ai parlé en ami, c.à.d. avec rigueur. Il a l’âme noble, le cœur bon; Vous ne devez donc jamais Vous séparer. L’intérêt de la chose publique, c.à.d. Votre propre intérêt, exige que Vous teniez à ce principe, malgré ce que Nov. lui-même pourra Vous dire contre. Je ne parle pas des clameurs de la cour. Ces clameurs ne méritent pas leur place dans une lettre à mon Bien-Aimé.
Vous avez rendu ma belle-sœur heureuse9. Comment Vous en témoigner ma gratitude? Cœur généreux! Vous surpassez toutes les espérances.
Je relis ma lettre. Mon Bien-Aimé la lira-t-il avec plaisir? O Alexandre! Si je t’ai fait de la peine, pardonnez-moi. Tu sais comme je t’aime. Je sens combien tu m’aimes. Mais n’oublie pas l’immense inégalité que le sort a mise entre nous. Tu es tout-puissant. Moi, je n’ai que mon cœur et ma raison.
93. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat, au début de juin 1806]1
Sire!
Je n’ai pas tenu parole. Je Vous avais promis que pendant mon Rectorat l’Université ne Vous donnerait aucun sujet de désagrément. J’y avais réussi jusqu’à aujourd’hui, mais à présent Vous apprendrez qu’il y eu un duel entre deux étudiants, dont la suite a été la mort de l’un des deux. L’affaire s’est faite avec tant de secret qu’aucune prévoyance humaine n’eût pas la prévenir. Je n’ai point à me reprocher d’avoir négligé mon devoir; ma santé délabrée en est la preuve. Mais je me reprocherai sans cesse de n’avoir pas Vous épargner ce chagrin. Quand on Vous aime, peut-on jamais avoir assez fait son devoir?
Je suis bien triste. Peut-être aimerez Vous moins
Votre Parrot
94. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat], 2 août 1806
Je dois des actions de grâces au Bien-Aimé pour l’ordonnance en faveur des étudiants qui se vouent au militaire1, et mon cœur Lui en offre l’hommage avec ce sentiment ineffable que le Bien-Aimé seul sait inspirer. Mais cette ordonnance contient un point qui rend au jeune