Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев
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Encore une considération générale. On a annoncé cette levée de milices, sans parler auparavant au gros de la nation, sans l’instruire des vues du gouvernement, des besoins de l’État. Tant qu’il n’est question que de recrues militaires on peut se passer de les explications. Mais quand il s’agit d’une levée en masse, la nation sent le besoin qu’on a d’elle, et elle veut qu’on lui parle, et on a le droit. Aussi cette faute a-t-elle produit même en Russie des mésententes qui auraient pu devenir sérieuses. La coutume fait passer sur tout ce qui est de coutume, mais tout ce qui est extraordinaire doit être motivé. Dans ces cas-ci toute nation, quelque soumise qu’elle soit, se ressouvient qu’elle a une raison, et chaque individu, quelque borné qu’il soit, a une grande opinion de la sienne.
Je passe de ces réflexions générales au moment présent dans les provinces conquises. La Diète de Reval est terminée, et a décrété, que malgré tout le danger qu’elle sent, malgré les clameurs et la frayeur de la majorité, on obéirait sans Vous faire de représentations. Pourquoi? Parce que les orateurs de la Diète ont prouvé à la majorité que les représentations découvriraient le faible de la noblesse, que Vous pourriez lui demander pourquoi on ne peut pas se fier à ses paysans comme aux russes, et agir après la mise en conséquence. Les orateurs ont fait entendre à la majorité que les milices sont le meilleur moyen de se défaire des esprits turbulents – comme si dans un moment pareil tous les esprits n’étaient pas turbulents! Si l’on veut partir de ce principe il ne faut pas enlever le quart ou le tiers des hommes en état de porter les armes, mais tous; il faut opérer une émigration générale.
Dans le petit voyage que je viens de faire en Estonie, j’ai entendu le gentilhomme parler individuellement; j’ai vu sa terreur, j’ai lu les lettres désolantes qu’on s’écrit, et l’on m’a instamment prié de travailler à parer le coup fatal. – Sivers n’est sûrement pas un poltron et Vous savez qu’il a été du même avis que moi, avant que nous ayons pu nous aboucher là-dessus.
Je joins un feuillet à part qui contient les raisons particulières qui existent contre l’armement des provinces conquises, aussi brièvement exprimées que j’ai pu, et les moyens de se dispenser de cet armement d’une manière avantageuse à l’État.
Pesez ces raisons. Votre Parrot Vous les doit, et Vous les donne comme tout ce qu’il Vous a donné jusqu’à présent, persuadé qu’il augmente le nombre de ses ennemis. Ma démarche inspirée par le désir de sauver cette noblesse qui me hait sera un nouveau crime à ses yeux, ou au moins de ses chefs.
Annexe
[Mémoire sur les milices]
Le lette et l’estonien n’a aucun esprit militaire; on n’en fera donc que de mauvaises milices. Il ne peut avoir d’esprit militaire parce qu’il a été 100 ans sans faire la guerre. Le russe a fait la guerre de tout temps, et heureusement; les milices russes fourniront donc d’excellents soldats après quelques semaines d’exercice, pourvu que l’exercice soit simple. Le but des milices ne doit pas être seulement d’opposer une grande masse à l’ennemi s’il repousse et affaiblit nos armées, mais surtout de fournir une nouvelle armée disciplinée.
Les milices restant dans leurs foyers