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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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de l’agrandissement se déclarera comme toujours avec adresse pour le plus fort.

Que fera la Russie? Quels sont ses intérêts? Peut-elle voir de sang froid fanatiser la nation voisine, ses provinces méridionales fourmillant de ces mêmes grecs qui hâteront la chute de l’Empire Ottoman <et réunissent dans son sein les extrêmes du despotisme et de l’esclavage>?

C’est dans ces moments terribles qui ébranlent les Empires, que se fait sentir le pouvoir immense de la civilisation. La France, l’Allemagne, l’Angleterre peuvent se dégarnir de troupes pour diriger les opérations militaires sur des points extérieurs. Rien ne se change à l’intérieur, parce que l’homme civilisé calcule les avantages du repos et de la paix. La Russie, affaiblie par l’esclavage du peuple, peut-elle compter sur cet avantage?

La Russie ne peut choisir qu’entre deux extrêmes, la guerre contre Bonaparte pour soutenir un empire depuis si longtemps délabré, ou l’alliance avec la France pour sa propre sûreté. Son intérêt particulier et le désir de ressaisir son influence sur l’Europe doivent la décider à prendre sur le champ l’un ou l’autre parti. Vouloir être neutre ou temporiser c’est vouloir être le jouet de l’ambition de son nouveau voisin. Examinons les deux cas par rapport aux opérations militaires qui décideront de la possibilité et par rapport aux relations commerciales qui fixeront les avantages.

Ier cas: Guerre avec la France.

Les moyens et la position de la France sont déjà détaillées. Voyons la nôtre. Nous sommes plus voisins de la Turquie; nos armées seront approvisionnées par les fertiles provinces du Sud; nos vaisseaux favoriseront cet approvisionnement par la mer Noire. Le chemin de Constantinople et des Dardanelles, point de réunion pour le projet de Bonaparte, est plus court que le sien depuis la Dalmatie. La Walachie et les côtes de la Romanie de même3. Ainsi en soignant les approvisionnements par mer, et en ne se chargeant pas de bagage inutile l’armée arrivera à Constantinople et même aux Dardanelles avant les françaises. Une flotte anglaise secondera nos opérations en gardant l’Archipel et en couvrant le détroit. Mais d’un autre côté le Danube favorisera le transport d’une armée française pour couper la nôtre en Bulgarie, par là nous serons forcés de remettre le sort de la Turquie à celui d’une seule armée qui aura à combattre et les français et les nationaux, dans un pays qui vu son peu de culture fournira très peu de ressource; notre armée peu accoutumée aux maladies de ces pays, peu instruite des ressources de l’art et du climat aura à cet égard le dessous vis-à-vis des français qui se sont instruits à fond là-dessus dans leur campagne d’Égypte.

Enfin la Russie ne peut pas tourner toutes ses forces sur la Turquie. La Prusse doit en détourner une bonne partie. La Poméranie, le Meklenbourg, Hambourg et Lubeck sont des appas auxquels elle ne résistera pas plus qu’elle n’a résisté à celui de l’Hanovre4. Ainsi en suivant un système de guerre la Russie se trouve menacée à ses deux extrémités; et pourquoi? Pour sauver un empire qui est détruit dès qu’une armée étrangère quelconque y met le pied? Pour se voir à la fin forcée tout au moins à un partage de cet empire, partage qui peut avoir lieu sans frais, sans épuiser les ressources dont on a tant besoin pour les projets de prospérité nationale, projets qui annoncés avec tant d’humanité et commencés avec tant de succès deviendront un reproche au gouvernement qui les aura abandonnés pour suivre la marche d’une politique réprouvée par la raison et les événements.

Les aspects militaires décident donc toute la guerre. Les relations commerciales sont aussi peu favorables. En supposant même que nous ayons le dessus sur la France dans cette guerre, et que la Russie déjoue par là les projets de Bonaparte, que deviendra notre commerce sur la mer Noire quand l’Angleterre aura pris position dans l’Archipel et saisi les Dardanelles? Cette puissance tyrannise le commerce du Nord, laissera-t-elle le commerce du Midi libre, et ne trouverons-nous pas dans cet allié perfide notre plus dangereux ennemi pour la branche un jour la plus fertile de notre commerce? Le possesseur du détroit menace la Crimée. Jamais la France ne pourra nous nuire à ce point. Ses projets tiennent à leur auteur, et tôt ou tard ce ne sera plus cette puissance qui dominera la Méditerranée, mais ce sera l’Italie qui ne pourra jamais être redoutable à la Russie. Le colosse qui s’élève dans le midi de l’Europe se rompra un jour sur les Alpes que la nature a placées non pour joindre, mais pour séparer la grande presqu’isle du continent, et pour cet effet la politique de la Russie doit être de concourir à réunir toute l’Italie sous la même domination pour qu’elle soit d’autant plus tôt en état de se soustraire à la tutelle de la France.

IIe cas. Alliance avec la France:

Voyons en d’abord les désavantages. Une perte momentanée est la guerre avec l’Angleterre. L’Angleterre a des vaisseaux pour attaquer, la Russie des ports à défendre. Archangel, Cronstadt, Reval, Riga et Libau, voilà les points d’attaque et de défense. Pour la Russie Archangel est dans les terres et par conséquent à l’abri. Le fleuve ne porte pas des vaisseaux de guerre. Il en est de même de Riga. Reval et Cronstadt peuvent être mis en meilleur état de défense, et les boulets rouges feront respecter le continent aux insulaires. Libau seul souffrira. Mais un corps de 15 000 Russes bornera les dégâts à la ville seule. Les points d’attaque et de défense en Turquie sont les Dardanelles et Constantinople. Il est vrai que les flottes anglaises s’entendent merveilleusement à passer les détroits bordés de batteries. Mais quelques vaisseaux bien chargés de pierres, coulés à fonds immédiatement avant leur arrivée, ralentiront leur marche et les tiendront sous le feu des batteries qu’on n’évite que par la vitesse du passage.

Le désavantage le plus réel qui nous résultera de la guerre avec l’Angleterre est la cessation du commerce avec cette puissance. Mais il n’est

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