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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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aussi avec une confiance absolue. Vous savez qu’il n’existe point d’amitié sans égalité; le seul moyen d’établir cette égalité sublime est de ne point violer les relations que le sort a fixées. En m’élevant Vous me rabaisseriez. Que même l’idée du bien public, l’idée que dans un poste plus relevé je serais plus utile, ne Vous séduise pas. Elle ne me séduira pas, et à cet égard Vous trouverez toujours une résistance absolue de ma part. Il est un seul cas qui puisse faire l’exception, celui dont j’osai déjà autrefois Vous parler, celui de vaincre ou de mourir à Vos côtés. S’il arrive jamais un mot de Vous! et je volerai au poste que les circonstances, que mon génie, que mon amour pour Vous m’assigneront, et Vos ennemis verront dans le professeur de Dorpat le Bonaparte de l’amitié. – Pardonnez-moi cette énorme confiance en mes forces. Tant qu’il a fallu agir pour la seule prudence j’ai souvent tremblé pour le bien public, mais quand il faudra forcer les circonstances, commander aux événements, Vous me reconnaîtrez. O mon Bien-Aimé!

Le lendemain de mon arrivée j’ai été élu Recteur. J’ai un plaisir bien doux en songeant qu’en signant la confirmation Vous sourirez1, j’ai un plaisir bien doux encore de penser que quand mon année sera révolue Vous aurez de la satisfaction de cette signature. J’agirai dans Vos principes. Je ferai mon possible pour former Votre jeunesse comme Vous voulez l’avoir, aimant l’ordre, mais conservant une noble énergie dont Vous tirerez un jour profit pour le bien de l’État. Les derniers troubles de nos étudiants m’ont prouvé combien Vous pouvez attendre de cette énergie que la nature a mise dans la jeunesse, lorsqu’elle est bien dirigée. Le jeune Budberg, que la loi a frappé comme l’auteur de derniers excès, que nos Statuts ont banni de l’université et éloigné pour l’avenir des emplois qu’il ne peut obtenir que par un séjour prescrit à l’université, ce jeune homme est innocent. Il s’est chargé volontairement de la faute pour sauver un de ses camarades dont le malheur eût plongé une famille entière dans le deuil, il est soumis sans mot dire à la punition, et quand tout a été terminé, en prenant congé d’un de nos professeurs il lui dit: Je quitte l’Université et ma Patrie avec le sentiment de mon innocence et d’une bonne action; partout où il y a des hommes je saurai trouver des hommes et vivre pour le bien public. – Une vie exemplaire de près de 3 ans, exemplaire par les mœurs et l’application prouverait suffisamment la vérité de son héroïsme, quand tous ses camarades ne l’attesteraient pas. Sire! ne croyez pas que j’improuve la sévérité du jugement qui le condamne. Même connaissant moralement son innocence j’aurais satisfait aux lois et aux formes judiciaires, je l’eusse condamné, ne fût-ce que pour ne pas lui ravir le sentiment délicieux de se sacrifier à l’amitié. Une action pareille à l’âge de 20 ans décide pour la vie, et c’est un homme que nous gagnons à l’humanité, supposant même qu’il fût perdu pour nous.

Klinger aura bientôt le bonheur de Vous voir; il ne sait pas quel bonheur plus grand l’attend: mais je sais que Votre cœur généreux fera les avances, que Vous Vous approprierez cet homme rare, dont les abords sont difficiles, mais dont l’âme est sensible et noble. Vous serez satisfait de son rapport sur l’Université et nos écoles, et Vous ne Vous reprocherez pas un peu de prédilection pour nous. Il Vous apporte cette lettre et Vous la fera tenir par Gessler.

Je jette un regard plein de hautes espérances sur Vous et Votre vie. Je ne demande plus à la Providence que d’en prolonger le cours. Vous ferez le reste, et Votre Parrot sera heureux dans la contemplation de Votre règne, sûr que Vous êtes armé de force contre toutes les espèces du mal moral. Vous serez grand, Vous serez heureux comme je Vous le souhaite.

73. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat], 11 juin 1805

Sire!

Mes espérances se réalisent. Vous avez déjà visité un des asiles de la misère humaine, et Votre présence aura sûrement versé dans le cœur de ces malheureux un baume salutaire qu’aucun art ne peut égaler. Vous ne pensiez sûrement qu’à voir, qu’à corriger les abus ou encourager ceux qui vouent leur vie au pénible emploi de soulager le pauvre dans ses souffrances. Vous avez sûrement fait bien davantage. Je Vous vois parcourir ces salles, aborder le lit des malheureux, interroger tout avec intérêt. Je vois sur Votre visage cette expression (que je connais si bien) de la profonde sensibilité de Votre cœur. Avez-Vous lu sur ces physionomies souffrantes l’effet que Vous faisiez? Avez-Vous senti combien Vous soulagiez leurs maux? Pourrais-je en douter? O je Vous en prie, écrivez-moi là-dessus. Peignez-moi sans détour de modestie, sans retenue le sentiment qui occupait Votre âme. Pourquoi de la modestie? Vous ne Vous peindrez jamais Vous-même aussi beau que je Vous vois. Vous avez vu dans cet hôpital toutes les espèces de maux auxquels l’humanité est sujette, maux physiques, maux intellectuels, maux moraux. Partout Vous aurez laissé des traces de Votre présence. Si Titus eût visité un seul hôpital dans cette journée qu’il déclare perdue, il n’eût pas dit le mot fameux que l’histoire nous a conservé, et qu’un Monarque devrait à jamais se reprocher1.

Je ne suis plus à Pétersbourg pour travailler aux affaires chères à Votre cœur, infiniment chères au mien. Mais Vous y êtes. Vous n’oublierez pas que toutes mes espérances, que toute ma confiance se concentre en Vous. Employez Klinger afin que les deux mois d’absence de Ministre ne soient pas perdus.

Je Vous salue de toute mon âme, mon Héros. Je Vous aime – bien plus que moi-même.

Parrot

Un mot, je Vous supplie, sur l’objet de la lettre que je Vous écrivis au moment de mon départ. Je ne puis sans cela rendre mes comptes à temps. Pardonnez-moi cette demande, comme j’espère que Vous m’avez pardonné la

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