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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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tout me dit, tout me prouve que la nature a voulu faire de Vous un Être unique par cet amour dévorant du bien qui ne Vous quitte pas dans aucune situation de la vie. Cet amour du bien est pour Vous le fatum, le destin de l’ancienne mythologie, la nécessité absolue qui commande à Votre âme, comme à l’Univers. Reconnaissez sa force, son invincibilité. Employez ses ressources, et persuadez-Vous bien que dans une âme forte vouloir c’est pouvoir. Voyez le génie malfaisant de la France. Il peut tout ce qu’il veut. Et il ne veut pas même le bien!!! Vous avez plus de ressources que lui, et ces ressources sont dans Votre moralité. Vous n’avez contre Vous que la perversité des grands. Lui a contre lui l’opinion de la France et de l’Europe. Il est haï généralement; Vous êtes idolâtrés des gens de bien. Son levier si puissant est cette volonté décidée qui se ferait jour à travers les ruines du genre humain, Vous n’avez à marcher que sur les ruines des méchants. Vous devez donc faire plus que lui, et la postérité Vous reprocherait avec raison Votre défaite.

Voilà Vos moyens intérieurs. Jetons les yeux sur Vos alentours. Je les distingue en trois classes. La 1e est celle des jeunes gens qui ne songent qu’à Vous amuser pour profiter de Votre facilité. Vous sentez qu’ils sont indignes de Vous. Ils ne cadrent ni au caractère de moralité intérieure qui Vous distingue si fort d’autres, ni au caractère extérieur, que l’Europe reconnait en Vous. Leur lutte contre le bien est peut-être plus puissante que celle des aristocrates déclarés, parce qu’elle est sourde, et que peut-être eux-mêmes ne savent pas combien ils visent au mal2.

La seconde classe est celle de Vos confidents. À ne consulter que le caractère Vous avez généralement bien choisi, preuve que Votre cœur est un guide sûr, mais leur génie ne fait pas prendre l’ascendant sur les événements; ils plient sous l’ennemi, crainte de tout perdre; ils fléchissent vis-à-vis de Vous, crainte de Vous aliéner. Et Vous avez Vous-même fomenté cette faiblesse en ne les soutenant pas avec assez de vigueur. Vous avez trop distingué la vraie grandeur du faste. Vous avez cru qu’en leur accordant Votre confiance (certainement le présent le plus honorable que Vous pouviez leur faire), ils pourront Vous dispenser des distinctions extérieures que Vous abandonnez à ceux qui n’ont de sens que pour elles. Ils le voulaient aussi; mais c’est à tort. Sire! Croyez-en à un homme qui a renoncé bien fermement à ces distinctions; je Vous parle d’autrui, de ces personnes que mes derniers travaux m’ont aliénées. Vous Vous êtes trompés en tenant ces hommes qui se dévouent à la chose publique dans une médiocrité qui excite le mépris des grands, des grands qui, ici et partout ailleurs, n’adorent que la puissance, que dis-je? pas même cela, mais les signes de la puissance! Czartorysky a commis une faute d’État en refusant un cordon. Aucune nation, la Vôtre moins que toute autre, n’est sensible à la seule grandeur morale. Bonaparte crée des ordres3, et avant lui le gouvernement républicain avait imaginé des cordons démocratiques pour les autorités constituées. On les appelait écharpes. Voulez-Vous seul créer un gouvernement purement moral au sein d’une nation qui n’a encore que des yeux? – À la tête de ces confidents de l’Empereur de Russie est – Alexandre. Cet homme pur connait la faute qu’il commet lui-même à cet égard et ne la répare pas! Il préfère la vie d’un philosophe sur le trône, à la vie d’un Monarque philosophe. Est-ce assez de sauver sa moralité personnelle, quand on a un Empereur à sauver?

La troisième classe de Vos moyens extérieurs est un très petit nombre d’hommes intègres que Vous voyez rarement. J’ose me compter de ce nombre, et si après la connaissance intime que Vous avez de moi j’avais encore quelque chose à Vous dire sur mes principes et sur mes vues, je ne mériterais pas le bonheur de Vous avoir abordé une seule fois. Mais à la tête de cette classe d’hommes intègres je vois Klinger, celui de tous qui Vous est le plus nécessaire, par son caractère ferme qui, à Votre cour, n’a point de second. Je le connais depuis 2 ans dans ses relations officielles et je l’ai observé pendant 8 mois jour pour jour, en robe de chambre. Ses deux défauts, un excès de vivacité envers ses amis, et le pédantisme de l’ordre, ne nuiront pas. Au contraire, le premier est garant de sa sincérité, le second, en luttant contre le défaut contraire de Vos autres amis, mettra un juste milieu dans la précision qui doit régner dans les affaires, même dans celles qui forcent à des exceptions aux règles générales. Klinger a le double avantage de voir les hommes et de se former dans la solitude, il s’est formé des principes, qui sont dans son âme plus que dans sa bouche, et ces principes sont un trésor dont Vous pouvez disposer à tout instant dans les cas difficiles. Admettez-le au nombre de ceux que Vous voyez habituellement; que Votre porte lui soit ouverte à toute heure, et forcez-le par là à Vous dire plus de choses que Vous ne lui demandez.

Que ce langage ne Vous soit pas suspect! Il n’a pas le talent de se faire des amis; si je suis le sien, c’est sûrement par une conviction bien forte. Ces jours-ci encore il m’a brusqué avec dureté, et je m’en applaudis en ce moment pour que mon sentiment ait pour Vous tout le poids que je désire. Vous rapprocher de cet homme rare <Klinger> est une chose aisée, quant à ses relations. La confiance de l’Impératrice-Mère sera un contrepoids plus que suffisant à ce que les grands pourraient lui reprocher dans leur manière de voir.

Une autre mesure du moment est l’établissement du Comité des requêtes. C’est le seul remède possible à appliquer au besoin urgent d’une meilleure justice. En vain Vous faites faire à la hâte

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