Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев
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Vous, mon Alexandre chéri! Que la Providence Vous conserve à l’humanité! Je suis éloigné de Vous et chaque instant peut Vous mettre en danger. N’oubliez pas que Vous ne devez pas être soldat, et que ce n’est que sous les ruines de son Empire qu’un Monarque doit s’ensevelir.
Klinger n’a pas eu le bonheur de Vous voir avant Votre départ pour Vous remettre le nom de mon pupille pour être admis au corps des cadets et m’a conseillé de Vous l’envoyer. J’espère que cet enfant deviendra un bon soldat. Je Vous en élève un autre du même âge pour la même carrière, et que j’espère Vous livrer tout formé1.
125. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat], 9 juin 1807
Sire!
Danzig est tombée et avec elle l’espoir de terminer la campagne cet été1. J’en ai été vivement affecté, non seulement par la perspective de la continuation des maux de cette guerre désastreuse, mais surtout parce que la chute de Danzig met le comble à la vile politique du cabinet de Londres, dont je Vous ai si souvent parlé, à Vous et au Prince Czartorisky. Voyez les fruits de l’alliance avec ce ministère mercantile. Vous Vous battez pour sauver l’Europe que l’Angleterre a mise en feu; Vous Vous battez pour couvrir Votre Empire contre un ennemi que les guerres continentales suscitées par l’Angleterre ont rendu formidable à toute l’Europe; Vous Vous battez originairement pour l’Angleterre. Et dans le moment décisif où la seule bonne volonté de cette nation de marchands pouvait Vous mettre à même de terrasser l’ennemi commun, l’Angleterre abandonne la cause commune, envoie trois misérables Cutter2 à Danzig pour être témoin de la prise de cette ville qui fournit de grands moyens au Brigand couronné, retire sa flotte du canal de Constantinople pour laisser marcher 80 000 turcs d’Asie en Europe contre la Russie. Pendant ce temps-là elle envahit l’Égypte; plus tôt elle fait une descente dans la Calabre pour conserver en cas de réussite les ports du Royaume de Naples et se rendre maître de la Méditerranée et de tout le commerce du Levant. On dit que les flottes anglaises ne pouvaient pas entrer dans la Baltique, parce que Bonaparte avait défendu au Danemark de les laisser passer. Mais lorsque l’Angleterre avait intérêt d’insulter la Russie, la Suède et le Danemark, Nelson passa le Sund et entra dans Coppenhague3. L’Amiral Dunkane4 veut masquer les motifs de sa retraite du canal de Constantinople par un tableau effrayant de la situation militaire de la Porte dans ce canal, et déshonore par cette feinte le fier pavillon anglais. S’il n’avait pas eu des ordres secrets pour cette retraite honteuse il serait déjà livré au tribunal militaire et sa tête sur le billot. La connaissance la plus superficielle de la Turquie prouve que le bombardement de Constantinople et surtout de Sérail, qui est le plus exposé5, est produit une révolution subite en Turquie qui eût paralysé cette puissance, qui Vous cause à présent de l’inquiétude et Vous forcera de renforcer Votre armée de ce côté-là. Et supposé que le désordre causé par là dans le gouvernement turc n’eût pas été jusqu’à ce point, supposé que le passage des Dardanelles fût devenu impraticable, la mer Noire restait ouverte à Dunkane dont le devoir était d’y détruire la flotte turque; ce qui, soutenu des Russes, lui eût été facile, tandis qu’une partie des forces russes et anglaises fussent restées dans la mer de Marmara pour empêcher le débarquement des troupes asiatiques.
Cet hiver déjà l’insidieuse politique de l’Angleterre s’est dévoilée lorsqu’elle refusa à la Suède des subsides pour débarquer une armée sur le continent. Si la Suède avait pu agir comme elle le voulait, 30 000 suédois débarqués à Danzig et réunis à cette garnison auraient pu ouvrir avec succès une nouvelle campagne derrière la Vistule, couper à Bonaparte toute communication avec l’Allemagne, et l’attaquer ensuite immédiatement sur la Vistule pendant que Votre armée l’attaquait de front. Cette seule opération eût terminé la guerre au mois de Mai, et Vous eût donné la Turquie. Mais l’Angleterre ne veut pas terminer la guerre. Il est de son affreux intérêt de Vous tenir en échec par l’armée française pour Vous rendre son secours au prix d’un traité de commerce encore plus ruineux pour la Russie que le précédent; il est de son intérêt de laisser dévaster l’Allemagne et la Prusse pour faire tomber toutes les manufactures de cette nation industrieuse et la rendre tributaire de son commerce. Semblable à l’araignée elle tend ses fils et ses toiles presque imperceptibles en tout sens, enveloppe subitement tout ce qui y touche, suce le sang de ses victimes, et pour le malheur de l’Europe sa profonde politique lui fait prévoir l’avenir avec la même sûreté que l’araignée prévoit le beau temps ou la pluie.
Mais il ne suffit pas de connaître les manœuvres de l’Angleterre; cette connaissance prouve seulement une grande vérité, que la Russie se trouve seule aux prises avec l’ennemi de cette puissance. Il faut prendre des mesures. Quant à l’Angleterre elles se dictent d’elles-mêmes. Il faut faire bonne mine à mauvais jeu et traîner les négociations en longueur. La dignité de la Russie défend tout traité de commerce dans ce moment, et Votre probité Vous défend de signer un traité pour le rompre à la fin de la campagne. Ne passez plus l’Angleterre d’entrer dans la Baltique. Les circonstances peuvent tourner tellement que la flotte anglaise menacerait Cronstadt ou Reval. Danzig comme forteresse est peu de chose; mais comme port, et à portée de la grande armée française, de la plus grande importance. Bonaparte possède sur les bords de la Baltique Elbing, Stettin, Rostok, Lubek et Hamburg. Danzig est le chaînon principal d’une chaîne qui n’est plus interrompue que par Colberg et Stralsund. Danzig lui fournit les moyens de terminer cet ouvrage qui lui livre des ressources immédiates et la communication libre sur mer avec toute