Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев
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Votre Parrot
119. Alexandre IER à G. F. Parrot
[Saint-Pétersbourg, 8 mars 1807]1
Il est huit heures et j’ai encore le comte Wassilÿef, qui doit travailler avec moi, il sera donc beaucoup trop tard quand il aura fini, de Vous recevoir. Je Vous propose de venir demain à huit heures, par conséquent nous aurons fini avant que le ministre n’arrive.
[Paraphe]
120. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 10 mars 1807
Mon Alexandre chéri! Je suis sorti hier de chez Vous l’inquiétude dans l’âme. À mon arrivée et pendant tout le temps que j’ai passé près de Vous Vous étiez préoccupé. Des soucis, du chagrin même, étaient peints sur Votre physionomie, Vous Vous efforciez de les renfermer dans Votre intérieur pour faire ce que Vous appelez Votre devoir, et Vous oubliiez que tout près l’amitié la plus tendre Vous observait, attendait avec impatience le moment de l’épanchement <de la confidence>. O combien vivement je sens le poids de Votre situation, lorsque réduit à Vous-même Vous êtes forcé de concentrer Vos soucis de renfermer Votre chagrin! Alexandre! Mon Bien-Aimé! Versez-les dans le cœur de Votre ami; confiez-lui Vos peines. Si je ne puis Vous donner un conseil utile, au moins je les partagerai, Vous posséderez au moins un cœur qui les connait, qui sait apprécier Votre cœur. Depuis plus de deux mois que je suis ici je ne Vous ai pas parlé de mon tendre attachement pour Vous. Le peu de temps que Vous pouviez me donner était voué aux affaires. Alexandre! ne croyez pas que cet attachement ait diminué. Pourrais-je cesser de Vous aimer? – Versez donc Vos chagrins dans le sein de cette amitié unique. Ne craignez pas de m’affliger; souffrir avec mon Alexandre, pour lui, est une jouissance pour mon cœur. Mais Vous savoir inquiet, souffrant peut-être, sans partager l’état de Votre âme, est la peine la plus cuisante pour moi.
Fiez-Vous à Votre ancien Parrot. Vous Vous le devez à Vous-même, à l’amitié sacrée qui nous unit, même dans le cas où moi, je serais la cause de Votre chagrin. – Je suis vivement attendri. Que ne puis-je Vous communiquer cette émotion, Vous tendre en cet instant les bras, Vous presser sur mon cœur, Vous forcer par ma tendresse soulager le Vôtre1!
121. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 13 mars 1807
Combien il m’en coûte de Vous écrire en ce moment! Je sens de quel poids d’affaires majeures Vous êtes chargé. Mais Vous êtes le seul au monde qui connaisse ma position, le seul qui puisse la décider, le seul auquel mon cœur veuille et puisse avoir recours.
Vous m’aviez fait espérer que je pourrais partir vers le milieu de cette semaine. Les raisons de hâter mon départ Vous avaient persuadé. Votre propre départ est proche, la moitié de cette semaine est passé, et je ne sais encore rien de ce qui regarde mon affaire principale; j’ignore si le plan est copié, si Vous l’avez signé, si le Ministre l’a reçu, si le rescript pour mon voyage existe. Que ne suis-je appelé à attaquer une batterie ennemie! Le sentiment que j’avais en le faisant serait délicieux, comparé à celui que j’éprouve en Vous obsédant journellement par mes lettres. Jamais je n’ai prouvé plus d’attachement à mes devoirs et à Vous qu’en ce moment. N’en veuillez pas pour cela à Votre ami.
Votre Parrot
122. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 15 mars 1807
J’ai appris hier après la séance du Directoire que mon Bien-Aimé ne m’a pas oublié. Vous avez donné le plan des écoles paroissiales au Ministre; les membres l’ont signé par voie de circulation chez eux; il ne manque plus que Votre propre signature pour sanctionner ce bienfait insigne que Vous accordez à l’humanité. Mon Alexandre! Combien je Vous suis reconnaissant! Reconnaissant? Non, c’est trop peu pour Vous exprimer le sentiment que j’éprouve pour Vous. Mon cœur me dit que si Vous avez terminé cette affaire importante par amour pour Votre peuple, la manière dont Vous l’avez terminé se rapporte à moi. Combien je dois Vous aimer! Combien je Vous aime. – À présent c’est mon tour d’agir. Alexandre! je Vous promets que j’agirai comme Vous le désirez. Je connais Votre cœur, Vos intentions; je m’y conformerai; Vous serez content de moi.
Vous m’avez promis encore une entrevue. Je ne puis pas y renoncer volontairement; quelques minutes seulement. Cette fois je ne serai pas indiscret. Je voudrais recevoir de Votre propre main le rescript pour ma mission, Vous remercier de bouche et de cœur, Vous serrer dans mes bras. – Vous partez peut-être pour longtemps; Vous partez pour l’armée. Puis-je me défendre de quelque inquiétude? O mon Alexandre!
123. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg, 17 mars 1807]
Le lendemain de Votre départ.
Je suis navré de douleur. Les écoles paroissiales sont remises. Je pars demain le poignard dans le cœur.
J’ai été chez le Ministre, prendre congé, espérant qu’il me donnerait le rescript pour ma mission. J’ai reçu pour toute réponse, en lui demandant ses ordres, que l’affaire des écoles paroissiales doit Vous être envoyée encore. J’ai appris ensuite par un de ses secretaires qu’il ne Vous avait pas apporté le Doclad à Votre départ, et que la chose était remise par cette raison. Mais j’ignore si le plan que le Ministre a fait circuler pour la signature est le vrai (vraisemblablement ce ne l’est pas, car Vous l’aviez encore le moment de Votre départ