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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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n’auriez pas reconnu dans ces jeunes gens gais, actifs, rigoureux, intelligents la nation avilie, abrutie sous le joug. Ne croyez pas pour cela qu’ils reçoivent une éducation disproportionnée à leur état futur. L’instruction embrasse cet état dans toute son étendue sans en passer les bornes. Les travaux manuels alternent avec l’instruction. Ces écoliers font eux-mêmes tout ce qu’ils doivent faire au jour. Ils labourent, ensemencent, hersent leur propre champ, qu’un gentilhomme leur a donné. Ils construisent eux-mêmes leur charrue, leur herse, leurs chariots <attelage>, ils font des corbeilles, les vases de bois, des cordes aussi bien que le charron, le corbeiller, le tonnelier, le cordier. Tout leur réussit. Ils vendent souvent de ces objets aux paysans des environs et le profit étant pour eux et en commun ils s’accoutument à l’activité et à l’esprit public avec la plus grande gaîté. Le plus grand reproche qu’on fait aux lettes et aux estoniens est la paresse, la malpropreté et l’ivrognerie. Une durée de ces écoles (répandues sur toute la surface de ces provinces) de 20 ans seulement fera disparaître ces vices presque partout. Vous voulez le Bien, ô mon Bien-Aimé! Le voilà en Vos mains. Ne Vous en laissez pas détourner par des motifs recherchés par la mauvaise volonté. Frappez sans délai ce coup bienfaisant. Vous sentez Vous-même que l’occasion d’être si utile aux nations que Vous gouvernez ne revient pas souvent.

Je Vous avais prié de faire recevoir au corps des cadets mon pupille, le fils du conseiller de collège défunt Roth. Vous avez son nom, son âge et son extraction, Klinger aussi. Permettez-moi de Vous en faire souvenir. Veuillez m’accorder ce bienfait. Mes dépenses journalières augmentent, mes deux fils sont devenus étudiants et j’ai d’ailleurs encore deux enfants adoptifs.

Le professeur Grindel m’a prié de Vous envoyer le 5e volume de son journal de pharmacie1 pour preuve de l’emploi des 100 Roubles que Vous lui avez accordés. La 1re page contient la question proposée <pour le prix>. Il n’a pas annoncé qu’il doit ce prix à Votre générosité, parce qu’il n’est pas encore assigné officiellement. Mais il désire pouvoir le faire pour inspirer plus de confiance et donner à son ouvrage vraiment utile un nouveau lustre. Il se trouve dans ce volume un petit traité sur les fabriques chimiques relativement à la pharmacie. Mais comme je ne puis supposer que Vous ayez le loisir de le lire, permettez-moi de Vous en donner un extrait, Grindel m’ayant dit que l’on propose à Pétersbourg d’établir de pareilles fabriques pour les besoins des apothicaireries russes. Je serai aussi bref que possible.

L’utilité de ces fabriques se rapporte à trois points principaux:

1) De pareilles fabriques livrent toutes les drogues préparées dont on a besoin; ce qui est un bien pour les apothicaireries dont les possesseurs ne sont pas assez instruits pour préparer les drogues.

2) Elles les livrent de la même qualité; par conséquent les médecins sont plus sûrs de leurs effets.

3) Le prix de la main d’œuvre reste dans le pays pour les drogues qu’on a jusqu’ici fait venir de l’étranger.

Les désavantages sont les suivants.

1) De pareilles fabriques, en dispensant l’apothicaire de la préparation des drogues le dispensent d’acquérir les connaissances nécessaires, réduisent son activité à des travaux purement manuels, tels que peser, mêler, faire des pilules et des onguents ou emplâtres etc. Elles fomentent par conséquent l’ignorance et retardent les progrès des connaissances qui commencent à percer dans cette branche de la police médicinale. Personne ne voudra plus s’instruire dès que l’instruction sera devenue inutile.

2) L’apothicaire recevant ses drogues des fabriques ne peut pas être responsable de leur bonté. Il achète et vend ce qui se trouve dans les fabriques; il n’est que mercier.

3) Supposant que l’apothicaire voulût cependant faire plus que son devoir et examiner les drogues qu’il reçoit, il ne le pourra pas faute de connaissance, puisque ces connaissances lui sont devenues inutiles pour son métier. Et même ayant appris la chimie, il ne pourra pas l’appliquer faute d’exercice (en outre l’analyse des drogues est incomparablement plus difficile que leur composition). Je crois savoir la chimie aussi bien qu’aucun apothicaire; mais je serais à coup sûr plus mauvais apothicaire que le moindre des élèves de Grindel, parce que tout art veut être exercé. En outre les drogues composées se corrompent par le temps, par le chaud, le froid, l’humidité, par les bouchons imparfaits etc. L’apothicaire sans connaissances ne pourra pas juger de ces effets, et si on eût le punir pour ses drogues gâtées, il dira toujours qu’il les a reçues telles; il pourra même les falsifier sans qu’on puisse le convaincre.

4) L’inspection des fabriques pharmaceutiques sera bien plus difficile que celle des apothicaireries, parce que le possesseur d’une pareille fabrique sera beaucoup plus riche que tous les apothicaires ensemble, et sera à même d’employer de plus grands fonds à la corruption des inspecteurs, corruption qui, comme Vous savez, est dans toutes les branches d’administration réduite en un système très bien calculé. On aura dans ces fabriques deux magasins l’un de bonnes drogues, l’autre de mauvaises; et les apothicaires chez qui on trouvera les dernières seront punis pour les friponneries des fabricants.

Veuillez, je Vous prie, consulter là-dessus le père de la police médicinale, l’immortel Franck, trop peu employé et trop peu puissant à Pétersbourg, relativement au bien qu’il pourrait et voudrait faire.

Accordez-moi, je Vous supplie, un mot de réponse sur les écoles paroissiales. Votre dessein n’est sûrement pas de me laisser dans cet état pénible d’inquiétude, qui me paralyse non seulement pour cet objet, mais aussi dans mes autres travaux. Vous avez Vous-même exigé que je ne doute jamais de Vos bontés.

131. G. F. Parrot à Alexandre IER

Dorpat, 10 octobre 1807

J’avais espéré au mot de la part du Bien-Aimé sur ma dernière lettre du 8 septembre. Mon espérance a été vaine. Vous sentez sûrement que je dois souffrir de cette cruelle incertitude, et Vous ne voulez pas que je souffre. Il me reste une lueur d’espérance, c’est que Vous avez

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