Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев
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Sire! daignez lire notre justification et jetez un coup d’œil sur notre activité. Faites Vous donner le rapport de Klinger après son voyage ici. Et encore dans ce rapport ne verrez Vous que les résultats de nos efforts pour réaliser Vos vues. Vous n’y verrez pas les désagréments, les combats, les dégoûts continuels que ces résultats nous ont coûtés. Et malgré ces efforts continuels à faire notre devoir nous devons perdre les bonnes grâces de notre seul protecteur parce qu’un homme comme Richter chargé des gémisseurs de toute la province nous hait! Sire! Rien de plus facile à l’Université que de faire ses devoirs en apparence, d’être irréprochable dans le sens du Gouv. Richter et de ses semblables; des visites chez les grands, des rapports et des tabelles, quelques punitions bien éclatantes de quelques étudiants, et surtout la négligence totale de ses vrais devoirs – voilà ce qu’il faut pour se concilier ces gens-là. Sire! Sire! Vous savez Vous-même que partout il n’existe que des formes; conservez l’institut <le seul peut-être> où l’on veut la réalité, cette réalité détestée dans Votre Empire. L’instruction publique est Votre ouvrage, celui de tous qui doit jeter les plus profondes racines, celui qui fixera l’opinion de la postérité sur Votre règne; restez lui fidèle. Et
Votre Parrot.
Il Vous est resté fidèle, il le sera jusqu’au dernier soupir.
P. S.
Une lettre que j’ai reçue récemment de l’Allemagne fait présenter une campagne prochaine sur la Vistule. Ne faites pas passer Votre armée en Suède. Concentrez Vos forces sur notre côté.
137. Alexandre IER à G. F. Parrot
Saint-Pétersbourg, 1 septembre [1808]1
Quand j’ai des torts j’aime à en convenir. C’est mon cas vis-à-vis de Vous et j’en possède toutes les preuves; aussi je m’empresse de réparer mon injustice et de Vous l’avouer avec franchise. J’espère éviter à l’avenir des cas semblables. En attendant, je joins ici ce que Vous m’avez demandé2 et je regrette vivement toute la peine que j’ai pu Vous causer.
Recevez l’assurance de mon estime qui Vous a été vouée depuis longtemps et qui n’a fait que s’accroître par ce que vient de se passer entre nous.
[Paraphe]
138. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Dorpat], 3 septembre 1808
Me voici rentré chez moi, mon Bien-Aimé, mon digne Alexandre! Je veux employer les premiers moments après Votre passage pour Vous dire quelques mots que j’aurais tant désiré Vous dire de bouche; je comptais que Vous mettriez pied à terre; j’étais si gêné, si peiné de ne pouvoir Vous ouvrir mon cœur. J’étais obligé même de contenir ma physionomie, car le chambellan Osarovsky m’a remis ce matin Votre lettre à la station en présence de toute l’Université qui Vous attendait et d’autres personnes, et je savais que j’étais observé.
Sentez-Vous combien Vous m’avez rendu heureux par Votre lettre? O combien elle m’est chère! Je Vous l’avoue, j’étais en doute. Ma raison me disait que Vous Vous étiez éloigné de moi et je ne savais que lui répondre. Mais mon cœur me répétait sans cesse que cela est impossible. O que je suis heureux que mon cœur a eu raison!
Je relis Votre lettre. Alexandre! Votre âme est noble, élevée. Oui, elle ferait mes délices, cette lettre, fût-elle adressée à un autre qu’à moi. Lire dans une âme comme la Vôtre est une grande jouissance, mais y lire comme j’y lis, mon Bien-Aimé, c’est la plus grande de toutes. – Je puis donc continuer de Vous aimer sans me reprocher de faiblesse, sans paraître ridicule à mes propres yeux, je puis sans rougir abandonner mon cœur à mon sentiment qui lui est devenu nécessaire. Mon âme Vous suit sur Votre route. Que ne puis-je Vous suivre en effet! – J’ai une bien forte raison de le désirer, plus forte que lorsque Vous partîtes pour la Moravie. – Relisez cette dernière ligne et pesez-la, je Vous en conjure.
Je relis encore Votre lettre et je suis tenté de m’accuser d’ingratitude. Pendant le peu d’instants que je Vous ai vu je Vous ai dit un mot qui Vous a fait de la peine. Combien cela m’en a fait à moi-même! Mais pouvais-je Vous cacher la vérité? Oui, il est malheureusement vrai que nous avons 25 étudiants moins que le semestre passé, et d’après les nouvelles que nous avions reçues des provinces nous en devions avoir au moins 20 de plus. C’est une partie bien considérable pour l’Université et pour Vous-même. Vous en avez senti la cause. Détruisez cette cause. Rendez aux Statuts, à la constitution que Vous nous avez données leur vigueur naturelle. Les lois suffisent, croyez m’en. Je ne suis pas prévenu; mon sentiment moral ne me permet pas de l’être dans cette affaire. Croyez que je tiens plus aux mœurs des étudiants que ceux qui Vous indisposent contre eux. Je vois de près, Vous de loin; je vois par mes propres yeux, Vous par les yeux de nos ennemis. La haine qu’on nous porte ne meurt pas. Je croyais il y a quelque temps qu’elle s’affaiblissait. Mais Vous-même m’avez averti du contraire. Là Vous pouviez voir par Vos propres yeux, et l’expérience – cette indigne manœuvre du Gouverneur Richter m’a trop bien prouvé que Vous aviez raison. Notre Ministre