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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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Sivers a été désigné à la place de Beck d’abord après son arrestation, ainsi avant la conviction; preuve qu’on voulait se défaire à cette occasion de Beck, de cet homme incommode qui travaille, il est vrai, jour et nuit, mais qui parle mal de ceux qui dirigent les affaires de ce département. Je le blâme d’avoir parlé; mais avouez que ces affaires ont été menées aussi mal que possible. – Si cette lettre parvenait en d’autres mains, je m’attendrais au sort de Beck et l’on ne manquerait pas de prouver que mes visites chez le ministre de Bavière sont autant de trahisons. Mais je Vous aime et Vous dois la vérité. —

Adieu, mon Bien-Aimé! Je Vous répète mon ancien refrain: si les revers viennent, rapprochez Votre Parrot de Vous. —

195. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat], 26 mai 1812

Je ne Vous parlerai aujourd’hui que d’une chose, mon Bien-Aimé! Je plaiderai la cause de l’innocence déjà reconnue et cependant encore opprimée. Je suis instruit et puis à présent Vous parler avec connaissance de cause. Beck est absolument innocent; je n’en ai jamais douté <mais je croyais Vous en devoir les preuves, Vous les avez eues> et à présent je n’ai plus besoin de Vous en fournir les preuves. Il est disculpé de toute liaison avec Spéransky; le chiffre qu’on a trouvé chez celui-ci y est parvenu par Gervais, de l’aveu de Gervais même1. De quoi l’occupe-t-on encore et sous quel prétexte doit-il être détenu jusqu’à ce que les frontières soient libres d’ennemis? On lui impute quelques propos indiscrets. Mais <cela fût-t-il vrai> la moitié de Pétersbourg devrait gémir dans les cachots si on punissait les propos indiscrets qui se tiennent depuis 3 ans, et que l’administration de Spéransky et de Rumänzoff avait provoqués2. Que ne pouvez-Vous comme moi entendre la voix publique! Ce n’est point là la cause du malheur, ce n’est pas là le crime du pauvre Beck <qui Vous a toujours été attaché>. Tout ce qu’il a souffert, tout ce qu’il souffre à présent et tout ce qu’il souffrira à la suite, il le souffre pour Vous, uniquement parce qu’il Vous a instruit de choses que son chef Vous eût cachées. La catastrophe de Spéransky n’a été qu’une occasion venue à propos pour assouvir la haine implacable. À tout événement on Vous avait déjà indisposé auparavant contre Beck en le rendant suspect, en Vous le désignant comme un intrigant, et il ne restait plus qu’à y ajouter l’épithète de traitre. J’envisage la chose de tous les côtés, je compare tout ce que Vous m’avez dit Vous-même sur Beck et je ne vois plus qu’une prévention qui puisse ralentir le désir que Votre cœur a sûrement de lui rendre sa liberté et son honneur. O mon Alexandre! Je conçois que Vous hésitiez. Cela est fondé dans la nature de l’homme. Une persécution excitée de longue main <et petit à petit> ne se déracine pas facilement, surtout à Votre place où le sort d’être trompé est si souvent à l’ordre du jour. Mais Votre bonté naturelle triomphera de la prévention. C’est le cas de lui donner son essor; plus elle se manifestera, plus elle sera juste. Mettez-Vous un instant à la place du malheureux qui a toujours rempli ses devoirs avec une activité presque sans exemple (je ne connais pas de travailleur comme Beck), avec un zèle qui ne s’est jamais démenti et qui l’a poussé à faire pour Vous servir une chose que l’homme ordinaire appelle une sottise, l’homme en place – un crime ministériel, l’honnête homme de toutes les conditions – un devoir moral. Quel sentiment amer ne doit pas s’emparer de son cœur au moment où on le traite en criminel, le jette dans un cachot, l’accuse de trahison. Quelle différence de sort entre lui innocent et Spéransky coupable! Vous lui devez un dédommagement, à lui et à sa famille désolée. Vous le devez à Votre propre cœur. Même l’intérêt de l’État Vous le conseille. La perte de Beck dans ce département serait irréparable. Le jeune Comte Sivers peut avoir sa place, mais non le remplacer. Beck tient depuis tant d’années le fil des affaires, connait toutes les cours de l’Europe et les ressorts qui les font agir et joint à cette longue expérience des connaissances scientifiques rares dans les affaires.

La cause de Beck est à tous égards une cause morale. Je l’ai plaidée avec une entière conviction et j’attends tout de mon Bien-Aimé. La malheureuse famille Vous bénira.

* * *

Je Vous félicite d’avoir éconduit si énergiquement le Général Narbonne et sur la paix avec la Turquie3. Mais pourquoi la liberté du commerce n’est-elle pas déclarée, générale, avec toutes les nations? Le peu de fabriques qui s’évanouissent ne peut pas Vous arrêter. Je Vous ai déjà prouvé que la Russie n’est pas encore mûre pour les fabriques. C’est encore une faute du Chancelier d’avoir traité avec l’Angleterre4. On devait savoir que, dès qu’on traiterait, la nation de marchands réclamerait ses anciens avantages. Il fallait ne point négocier <et déclarer tout simplement que la liberté entière de commerce>; le peuple de Londres et de Birmingham eût bientôt sans nous forcé le ministère à permettre le commerce russe. À présent le Ministère anglais est en avantage et se donne les airs de ne pas se soucier de la Russie, d’autant plus aisément que le temps des commissions est presque passé.

Adieu, mon Bien-Aimé! J’espère apprendre bientôt l’ouverture de la campagne, et le Ciel sera pour Vous.

Votre Parrot

Je vous remercie d’avoir repris Benningsen. À ce trait j’ai reconnu Votre cœur.

196. G. F. Parrot à Alexandre IER

Dorpat, 25 juin 1814

J’anticipe de quelques semaines <peut-être seulement de quelques jours> le moment de Votre retour dans la Patrie1 pour Vous revoir, au moins en idée.

Ce premier moment ne peut pas être à moi. Vous le devez à Votre recueillement, à l’amour de Votre famille, aux transports de Votre peuple. Ces lignes ne

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