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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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fixer Vos regards sur lui, et il me justifiera. <Du reste Vous savez que je n’ai jamais été en relation intime avec lui.>

Vous paraissez Vous fier à Armfeld. Je me défie de lui sans l’avoir vu. Mais en ce cas je juge l’homme par les moyens qu’il emploie, et Rosenkampff est un de ses principaux moyens. Si Armfeld a de l’âme ou du tact il doit connaître cet homme.

On dit dans le public que Votre suite sera nombreuse4. Je n’ai pas eu le temps de Vous le demander. – Ne prenez que ce qu’il Vous faut absolument. Vaut mieux manquer d’alentours qu’en avoir de trop. Au besoin Vous ferez Vous-même le travail, au moins aussi bien. Tout être superflu autour de Vous est un suppôt de cabale qui jouera de l’armée à la capitale et de la capitale à l’armée. Voilà pourquoi je voudrais Vous voir presque isolé. Avec l’étroit nécessaire en hommes Vous ne manquerez pas de temps. Le secret consiste à ne faire que ce qu’il faut. Déchargez Vous de règle de tous les détails minutieux, tels par ex. que les avancements dans les grades inférieurs au militaire comme au civil. Car ce n’est pourtant pas à Vous qu’en revient la reconnaissance. On n’en paie le tribut même au Ministre que rarement; les chefs de chancellerie, les femmes ou les maîtresses sont les dieux tutélaires qu’on révère. Par contre dirigez une attention sévère sur l’exécution de ce que Vous avez ordonné. Qu’on craigne partout de Vous voir paraître. Bientôt on aimera Votre apparition parce qu’on aura appris à se ranger à son devoir et espérera des récompenses. Ne soyez pas prodigue de dons honorifiques, mais soyez généreux en secours, car tous les petits officiers sont dans le besoin. Punissez les grands voleurs à l’armée avec sévérité selon les formes militaires, les petits avec compassion. C’est le moyen d’être rarement dans le cas de punir; les grands deviennent surveillants.

Je rêve à un être qui eût pu faire pour Vous ce que l’Impératrice Elisabeth eût fait5. Le prince d’Oldenbourg que Vous mettez à la tête du Conseil et que Vous élevez à la dignité de Grand-Duc, ne le pourra pas, même soutenu des talents de la Grande-Duchesse6. Son honnêteté, la noblesse de ses sentiments, le genre de ses connaissances n’ont pas assez de prix aux yeux vulgaires et en outre il Vous doit en ce moment trop de reconnaissance. – Cette idée m’afflige profondément. Pour le cas où, dénué de moyens, Vous espérez en vain le succès du zèle du prince et de l’activité des ministres, autorisez-moi à électriser l’Impératrice pour l’idée de Vous servir sans autre autorité que celle que Lui donnent la nature et son cœur. Dans de grands moments chacun se met à sa place, il ne faut que la volonté, cette volonté sublime qui semble commander aux circonstances.

Dieu puissant! C’est ta volonté que je sois inactif pour mon Alexandre, pour ton Bien-aimé7. Je m’y soumets puisqu’il le faut. J’attends ton moment.

Qu’il Vous protège, ce Dieu de bonté, qui doit Vous aimer pour Votre cœur, qui doit Vous guider puisqu’il Vous a placé dans une carrière si difficile. Puisse son premier soin être de fortifier Votre espérance pour cette guerre et par là Vous la faire faire avec assurance. Je l’ai, cette assurance mâle. Qu’elle passe dans Votre âme, qu’elle vivifie toutes Vos actions, qu’elle anime toutes Vos démarches, qu’elle électrise toute Votre armée! Voilà mes adieux. – Je finis pour ne pas m’attendrir. —

Votre Parrot

191. Alexandre IER à G. F. Parrot

[Saint-Pétersbourg, 21 mars 1812]1

Je Vous envoie les 1160 Rub. et la bague.

Je Vous remercie beaucoup pour le papier inclus dans Votre lettre; je l’ai lue avec émotion et sensibilité. Croyez-moi pour toujours.

Tout à vous.

[Paraphe]

J’avais parlé au Ministre de la guerre sur un témoignage à Vous donner de mon contentement pour les télégraphes et je l’avais chargé de sonder ce que pourrait Vous être le plus agréable. J’aime tout autant le faire directement par ces lignes et je Vous prie de me le dire franchement.

192. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Saint-Pétersbourg], 21 mars 1812

Vous avez lu ma dernière lettre avec sensibilité et émotion. Je Vous en rends grâces, mon Alexandre! Vous me rendez par là heureux.

Quant à l’affaire de Spéransky, je ne puis que Vous prier encore de finir Votre tâche en éloignant Rosenkampff de toutes les affaires. Il ne fait que s’engraisser à la législation qu’il ne termine pas. N’attendez pas de plus fortes leçons de lui à cet égard. Vous serez applaudi et l’on verra que Vous n’attendez pas les manœuvres de la cabale pour perdre les traitres.

Vous voulez que je fixe Votre idée sur le témoignage de contentement que Vous voulez me donner. Je vais le faire avec la franchise d’un cœur droit aussi éloigné de la fausse modestie que de l’avidité.

Je n’ai point de sens pour les décorations si souvent prodiguées, et jamais personne ne m’obligera de cette manière. Vous savez que je ne voulais pas même mon petit Wladimir. Je n’ai d’autre vanité que celle de l’homme de lettres et de mériter dans toute son étendue mon titre de Professeur. Mais j’ai un vœu que Vous trouverez naturel. Je désire faire après la guerre un voyage d’un an ou 18 mois à l’étranger, revoir les lieux de ma naissance et rétablir ma santé délabrée. Je veux en outre voir les Coryphées de la physique et les grands établissements où cette science est cultivée avec tant de succès, pour mériter en m’instruisant davantage un rang distingué dans la littérature.

Mais ce n’est pas le moment de Vous demander ce don, mon Alexandre! Vous avez autre chose à faire; non que ce don peut être de conséquence pour l’Empereur de Russie. Mais l’exemple serait en ce moment pernicieux parce qu’il serait imité de ceux qui ne se contentent pas de peu. Vous avez besoin de toutes Vos ressources

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