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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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voulu de moi, il y aurait longtemps que nous nous serions vu; mais j’ai pensé que Vous vouliez me voir pour Vous entretenir en long ensemble comme par le passé. – Sachez que si j’avais eu un motif de mécontentement sérieux contre Vous, c’est alors que je Vous aurais écrit. Mais me croyant dans les mêmes relations avec Vous qu’autrefois, je n’ai pas fait de façons avec Vous et j’ai attendu le premier jour de libre pour Vous voir. Je Vous déclare que je ne puis le faire avant Jeudi après-dîner. – Les affaires de l’État doivent marcher avant tout. – Quand à Vos comptes j’espère qu’il ne pouvait pas Vous venir de doutes qu’ils ne soient exactement soldés. Je joins ici la somme pour les télégraphes pour Vous en donner la conviction, et quand Vous m’aurez dit à quoi montent les dépenses de Vos deux voyages ils seront de même payés.

Voici une lettre dans le genre des Vôtres.

Tout à vous.

[Paraphe]

180. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Saint-Pétersbourg, 29 janvier 1812]1

Je ne puis m’empêcher de Vous dire le plus tôt possible mais avec tout le froid dont je suis capable, que Votre lettre a remis le calme dans mon cœur, qu’elle m’a rendu le bonheur <auquel j’étais si accoutumé, et> qu’il m’était si douloureux de perdre, et que plus Vous avez voulu me dire de choses dures plus je sens que j’avais tort de Vous accuser d’inconstance. Vos reproches <concernant le paiement des comptes> pécuniaires ne peuvent pas me faire de peine; je reconnais Votre cœur à cette vengeance et je croirais Vous offenser réellement si je perdais un instant à me justifier là-dessous.

Mais je Vous dois une explication sur ma soi-disante exaltation et permettez-moi de Vous la donner par écrit pour ménager les moments précieux que Vous me donnerez Jeudi. Il y aura de la philosophie à cette explication et Vous verrez que je me connais bien moi-même.

Nos relations sont de deux espèces, de cœur et d’affaires. Dans nos relations de cœur je suis réellement et constamment, dans chaque instant de ma vie, ce que Vous appelez exalté. Je le suis par nature et je me mépriserais si je voulais éteindre ce feu sacré qui brûle en moi, si je voulais seulement le modérer, surtout envers Vous à qui je dois le plus beau, le plus noble période de ma vie. Vous-même auriez tort de le vouloir, non seulement parce que ce serait contre Votre propre nature (Vous êtes Vous-même enthousiaste dans tout ce qui tient au cœur) mais surtout parce qu’il n’existe pas de sentiment plus délicieux, plus sublime que celui de se savoir un ami qui Vous aime sans réserve, prêt à chaque instant à tout sacrifier pour Vous. Je connais ce sentiment par expérience, j’ai mon Krause; et tout ce que le froid calcul peut m’objecter de raisons ou de déraisons ne m’ébranlera jamais sur cet article. Les anciens qui tenaient à la nature de bien plus près que la génération moderne, philosophique et guindée, nous ont laissé le tableau sublime d’Oreste furieux et criminel mais toujours aimé de Pylade2. La raison paraît condamner une pareille amitié, les beaux esprits la rendent ridicule, parce que l’égoïsme se cache sous l’égide de la raison, mais le sentiment, ennemi de l’égoïsme, triomphe de ces sophismes funestes à la vertu. Et s’il faut une application pour appuyer ces principes, dites-moi si Vous avez jamais vu rien de grand conçu et exécuté sans l’enthousiasme, ce nerf de l’âme humaine qui tranche le nœud gordien que l’impuissante politique ne saurait dénouer. Vous êtes accablé de cette politique affreuse que Votre ennemi sait bien mieux manier que Vous et Vous repoussez l’arme que la nature Vous a donnée pour lui résister, la seule avec laquelle Vous pouvez le vaincre ou au moins le tenir en respect. Soyez Lion contre ce Tigre. J’ai suivi sa marche et la Vôtre dans les principes et dans les effets et j’ai trouvé que chaque jour il gagne du terrain uniquement parce que Vous ne Vous servez pas de Votre arme. La providence vient de Vous donner de nouveau un beau moment, Votre adversaire a fait une sottise; ne le laissez pas échapper3.

Venons en à présent à mon exaltation dans les affaires. Je Vous avoue volontiers que j’en ai montré quelquefois, ou plutôt de l’impatience, du regret, de l’amertume, bref un sentiment pour lequel je ne trouve pas de mot. Mais cela tient uniquement à la nature de ma singulière situation. Permettez-moi de Vous en faire le tableau. Je suis professeur et homme de lettres; j’ai une place et une vocation naturelle qui m’imposent toutes deux des devoirs; je veux remplir ma place avec le sentiment de ces devoirs et ma vocation avec honneur. Cela seul devrait m’occuper et suffirait à une existence heureuse. Mais je Vous aime, mais Vous m’avez accordé de la confiance. Je suis donc devenu homme d’affaires, ce que j’avais toujours dédaigné être, parce que j’estimais trop peu ceux qui gouvernent la race humaine. Vous avez changé mon opinion et j’ai trouvé honorable de Vous servir d’autant plus que mon cœur s’entraînait vers Vous. Voilà donc mon existence partagée et par là mille collisions. Mais c’est peu encore; j’y aurais suffi et je renonçais volontiers à un peu de fumée littéraire de plus. Mais je suis éloigné de Vous et du centre des affaires. Je ne puis que Vous donner des conseils; Vous n’avez pas le temps de me répondre et m’instruire de ce que j’ignore; bien plus: je ne puis appuyer mes propositions par de nouvelles raisons quand on les combat et de mon activité quand l’égoïsme veut les rendre sans effet. Chaque mémoire que je Vous écris est une feuille que j’abandonne au hasard. Ne Vous fâchez pas de ce mot, ce n’est pas un reproche; Vous ne pouvez pas faire autrement, je le sais; on Vous accable de travail pour que Vous ne voyez plus l’ouvrage, et Vous pourriez beaucoup

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