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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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J’espère pouvoir Vous en donner le récit par le courrier prochain.

Adieu, mon Bien-Aimé! Je ne cesse de m’occuper de Vous et pour Vous.

Votre Parrot

Vous aurez sûrement déjà appris que les vitres du professeur baron Elssner ont été cassées. Les auteurs sont trouvés, trois gentilshommes courlandais. Aucun autre étudiant n’y a eu part, et nommément les livoniens, esthoniens et finlandais n’en ont rien su et en ont témoigné hautement et sincèrement leur indignation <quoique le Baron Elssner et ses fils se sont attirés une haine générale2>. J’ai été nommé président du tribunal qui doit porter le jugement. J’aurai soin que les auteurs soient punis suivant toute la sévérité des lois, aucune raison ne pouvant légitimer à mes yeux une pareille action. Mais la sentence ne pourra être portée que dans environ trois semaines parce que 20 professeurs doivent lire les actes. Veuillez ne pas Vous impatienter de cette mesure prescrite par la loi et juste, puisqu’en Russie une sentence pareille décide de l’existence civile des coupables pour toute leur vie.

170. G. F. Parrot à Alexandre IER

Dorpat, 1 octobre 1811

Les affaires de l’Université m’ont empêché de Vous envoyer le rapport de mes expériences télégraphiques mercredi dernier comme je l’avais désiré. Le voici avec le journal et trois chiffres et je puis Vous l’offrir avec bien de la satisfaction. Les expériences ont parfaitement réussi à une distance de 10 Werstes et il n’a tenu qu’un local que je n’aie pris la distance à 12 ou 15 Werstes, le résultat eût été le même. Vous verrez dans le rapport que j’ai choisi à dessein un local désavantageux, sur le fond duquel le télégraphe semblait ne devoir se dessiner qu’avec peine. En outre j’ai été tracassé par la fumée d’une cheminée à laquelle je n’avais pas d’abord songé et pour surcroît d’inconvénients un orage violent avec une forte pluie m’a surpris à la première expérience; enfin pendant les 7 expériences que j’ai faites je n’ai pas eu un moment de vrai beau temps; le soleil n’a pas lui un instant. Malgré tous ces désavantages toutes les expériences ont complètement réussi, non seulement de jour et de nuit, et même au crépuscule, temps le plus défavorable parce que le jour semble devoir être trop faible pour montrer le télégraphe, et trop fort pour laisser paraître les trois lumières. Cependant elles ont paru comme je l’avais espéré non seulement de nuit où elles brillaient comme des étoiles de la 10e grandeur et bien distinctes l’une de l’autre, mais aussi au coucher du soleil, au moment où le télégraphe lui-même était encore visible au peu de jour qu’il faisait.

Les brouillards seuls nuisent aux opérations télégraphiques. Mais il faudrait être Dieu lui-même pour ordonner à la lumière de percer un brouillard de 10 Werstes de profondeur.

D’après ces expériences j’ose assurer que ce télégraphe simple est une machine vraiment pratique. Sa manipulation est de la plus grande facilité et l’observation de la plus grande sûreté. Dans les 7 expériences il ne s’est commis qu’une seule faute et c’était à la première, pendant l’ouragan qui menaçait l’opérateur de le renverser à tout moment.

Cette réussite si satisfaisante me rappelle le projet de boulets doubles que je Vous ai proposé ce printemps. Avez-Vous fait faire l’expérience? Prenez confiance aux idées de Votre Physicien; l’objet est si important!

Outre le rapport ces papiers contiennent le journal des observations sur un feuillet couvert de carrés sur lequel chaque observateur écrit avec du crayon les numéros qu’il observe, en outre les dépêches déchiffrées et enfin trois chiffres, un français et deux russes. Permettez-moi de Vous dire un mot sur ces chiffres.

Vous savez que le télégraphe a deux signes, le principal qui est le T qui se tourne sur son axe et le secondaire qui est une planche horisontale qui s’abaisse ou s’élève pour paraître ou disparaître. Pour le chiffre français on n’a besoin que du signe principal, comme Vous pourrez Vous en assurer de nouveau par les dépêches signalisées qui se déchiffrent aisément et avec sûreté1. J’ai composé un chiffre russe qui également ne suppose que l’usage du signe principal et dont je me suis servi pour la dépêche russe. Ne connaissant pas la langue je ne puis décider s’il sera suffisant pour donner un déchiffrement prompt et sûr, et j’avoue que je n’en suis pas content moi-même puisqu’il y a 4 lettres qui exigent une double opération du télégraphe, dont les 17e et 18e signaux de la dépêche le prouvent, et qui pour cet effet sont joints par le tiret ∩. Cela m’a déterminé à construire un chiffre russe avec le signe principal et secondaire où les 33 lettres de l’alphabet russe sont représentées par 24 signaux, dont les 12 premiers sont donnés avec le signe principal seul et les 12 autres avec les deux signes à la fois. L’observateur marque ceux-ci dans son journal par un tiret horizontal. On pourrait même se passer des Ъ et Ь comme n’ayant pas de ton particulier et décharger le numéro 12 de deux de ses lettres qu’on pourrait inscrire au numéro 4. Cet alphabet assure la plus grande exactitude dans le déchiffrement.

Mais autant j’ai réussi dans les expériences, autant je me suis trompé dans le calcul des frais; l’augmentation de cherté et le cours des assignats, dont je n’avais pas taxé l’influence, m’a porté bien loin au-delà de la somme de 1000 R. que Vous m’aviez donné pour exécuter ces deux télégraphes. Voici l’aperçu des frais

Pour un télégraphe

J’ai déjà employé les 1000 et plus pour payer ces frais; mais la modicité de ma fortune m’a empêché de les payer en entier. Veuillez m’envoyer au plus tôt possible la somme de 1723 Rbl. et quelque chose en sus pour le transport à Pétersbourg et quelques frais qui auront encore lieu, pour quelques expériences que je ferai peut-être encore. À l’arrivée des télégraphes je Vous présenterai le compte juste avec

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