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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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la confiance de l’autre. On a cru qu’avec l’autorité on peut se passer de confiance et qu’on doit gouverner une Université comme un régiment. Si Vous n’avez pas encore signé ces nouvelles lois, je Vous conjure de ne pas le faire, et de remettre toute réforme à cet égard au temps fixé par les Statuts pour la révision générale qui doit avoir lieu l’an 1812. – J’aurais dû Vous écrire plus tôt là-dessus; peut-être est-ce à présent trop tard. Mais jugez de ce que j’ai souffert <depuis environ un an> si j’ai pu croire que je n’avais plus le droit de Vous écrire, même sur un objet qui m’est si fort à cœur. Votre intérêt personnel a pu seul enfin m’y forcer. Ménagez mon sentiment. Je ne puis lui ôter ni de sa vivacité ni de sa délicatesse.

Nous avons vu l’Impératrice, moi surtout dans le cabinet de Physique. Elle a des grâces qui échappent aux Poètes, mais qui saisissent l’homme de cœur de toutes les classes. Tout son mérite n’est pas encore connu. – Cette remarque est de l’observateur, non du partisan de la Chevalerie. Au reste j’espère qu’Elle ne Vous aura pas fait un rapport désavantageux de l’Université. Cette fois-ci nous avons su mettre de l’ordre, parce que nous en avions les moyens. Les étudiants ont mis dans les honneurs qu’ils Lui ont rendus non seulement de l’enthousiasme mais aussi le meilleur ordre possible, et nous ont servi merveilleusement à contenir la turbulence du public. Quand Dorpat aura le bonheur de Vous revoir à l’inauguration Vous Vous en convaincrez.

Adieu, mon Alexandre toujours chéri! Je vais au travail. Puisse le meilleur des esprits m’inspirer!

154. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat, 7 septembre 1810]1

Voici deux mémoires, mon Bien-Aimé, que je Vous envoie. Le grand est ostensible; faites en l’usage que Vous jugerez à propos. Le petit n’est que pour Vous seul; il est à quelques égard le plus important et traite des sujets différents de ceux du grand mémoire mais qui leur font intimement liés. La situation est bien critique. Mais avec de la prudence, de la fermeté et de la clarté dans les idées elle peut beaucoup changer à Votre avantage.

Ne multipliez pas les discussions. Exigez du Conseil des réponses promptes2. Si Vous goûtez mes propositions faites le sentir d’avance. Si Vous voulez consulter quelqu’un en particulier, je Vous propose Würst et Beck; le premier a des idées justes, celui-ci des idées fines et des connaissances vastes. Mais consultez-les en personne. Une demi-heure d’entretien vaut mieux que deux heurs de lecture. Surtout hâtez-Vous; ne perdez pas un jour. Que le nouvel arrangement pour la capitation, la vente des domaines et les impôts sur le luxe commencent au 1er Janvier; la nouvelle valeur de la monnaie de cuivre et la fabrication des nouvelles, la mise hors de cours des monnaies étrangères, la cessation de l’emprunt et la fixation du cours pour les contrats dès le moment même. Que Vos Ukases soient courts et clairs. Les derniers manquent d’ensemble et de clarté. Annoncez ces réformes comme permanentes. Votre nation s’inquiète des fluctuations et l’inquiétude est le poison de la confiance.

Mémoire

Depuis la paix de Tilsit Vous êtes dans un antagonisme perpétuel avec Napoléon. C’est lui qui a ruiné les finances de Votre Empire pour Vous affaiblir, et l’époque où il Vous attaquera ouvertement n’est pas loin. Je ne doute pas que Vous n’en soyez pleinement persuadé et je Vous épargne par cette raison le détail des preuves. Voici par contre Votre position. Votre gauche est saisie par l’alliance de l’Autriche; Votre droite va l’être par la Suède. La Prusse aura un Roi français pour s’assurer de la fidélité au centre des opérations. Et l’époque de la rupture sera celle où la réussite de quelques négociations aura mis la Suède avec le Danemark sous le sceptre de Bernadotte et soumis l’Espagne et le Portugal3. Employez cette période de répit pour Vous préparer. D’abord les finances; celles-ci avant tout; puis la guerre.

Vous commencez un système de défense en parallèles de forteresses. Je ne suis pas du métier. Mais êtes-Vous sûr

1) qu’un système de forteresse convienne à l’esprit militaire des Russes? Votre nation connait-elle la guerre des forteresses?

2) Avez-Vous calculé Vos moyens pour être sûr de former une ou plusieurs lignes de forteresse assez considérables pour arrêter l’ennemi? De petites forteresses ne le feront pas; leurs garnisons sont de trop peu de conséquence pour inquiéter une grande armée.

3) Aurez-Vous le temps de finir ce grand ouvrage, supposé que les moyens fussent en Votre disposition?

Si Vous ne pouvez pas répondre bien affirmativement à ces trois importantes questions, ne consumez pas Vos forces en vains efforts, ou projets à demi exécutés.

En tout cas profitez des bas prix du blé à Riga pour accumuler de grands magasins, et surtout soignez-en la conservation le mieux possible. Tant que Vos armées auront du pain, de la poudre et des armes Vous êtes sûr de Vos frontières.

Mon autre mémoire contient les propositions ostensibles pour le rétablissement des finances. En voici de nouvelles:

Rétablissez le commerce autant que possible sans sortir de Votre rôle de confédéré. Faites le faire par licences à l’exemple de Votre Allié même. Si lui se permet pour l’avantage de la France de donner des licences pour quelques branches de commerce, Vous en avez au moins autant de droit que lui à cette censure. Vos devoirs envers Votre nation Vous donnent ce droit. Donnez donc d’abord des licences pour les bois, les chanvres, le fer et le cuivre. Achetez les grains qu’il Vous faut pour les armées, et, ces contrats faits, donnez des licences pour cet objet <le seigle>. L’argent rentrera, haussera le cours des assignations et vivifiera les finances. Conservez par contre la rigueur contre l’importation. Elle se fera assez par contrebande pour les besoins absolus du pays, et cette politique Vous fera paraître toujours en confédéré zélé de la France. Vous voudrez toujours ruiner le commerce de l’Angleterre,

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