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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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– pour longtemps. Soyez heureux, dans le sens sublime que j’attache à ce mot, et que le ciel conserve longtemps à la terre le monarque heureux de la Russie.

Parrot

P. S.

Novossiltzoff Vous remettra ces jours-ci un petit traité de moi, de la publication duquel j’espère quelque utilité. Il est déjà en russe4. Vous êtes si prompt à récompenser que je crois devoir Vous rappeler notre convention tacite. Il n’existe pour moi qu’une seule espèce de récompense, et Vous en avez déjà trouvé le secret. Vous l’avez si bien exercé!

25. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Dorpat, octobre 1803]1

Sire,

L’aristocratie, qui a juré la perte de Votre Université de Dorpat, relève sa tête altière et rassemble de nouveaux orages contre nous. Elle a réussi même à fasciner les yeux de notre brave Klinger, qui, à force de vouloir être impartial, devient injuste envers ses meilleurs amis.

Le procès, d’ailleurs si simple du conseiller de collège Spalkhaber, est l’étendard qu’on déploie, et Votre Majesté aura été sûrement instruite indirectement de cette affaire. Sire! Mon devoir est de Vous en instruire directement, en attendant la fin de ce procès dont les pièces motiveront sans doute des représentations officielles de l’Université.

Vous savez, que la vérité est la déesse à laquelle je sacrifie journellement. D’ailleurs je ne suis ni Recteur, ni membre du tribunal qui a conduit jusqu’ici l’affaire en question. Je suis simple spectateur sans intérêt personnel en ceci. Si cependant il se trouvait que je Vous aie trompé, si les actes de ce procès me donnent le moindre démenti, je me soumets personnellement à Votre disgrâce, et à toute la rigueur des lois. Vous savez, Sire, ce que j’attache à ce mot Votre disgrâce. Aucun mortel ne Vous aime comme moi.

Des bruits publics accusaient Spalkhaber d’avoir diffamé la réputation de deux de nos professeurs <en accusant l’un d’avoir été trouvé mort ivre dans la rue, l’autre d’avoir dû être transporté chez lui pour même cause. Je ne veux point parler des doutes qu’on pourrait former contre ce caractère moral de l’homme qui se trouvait accusé des calomnies.> Les professeurs avaient méprisé ces bruits. L’accusé ne méritait pas notre attention. Les étudiants outrés par cette calomnie veulent laver la réputation de leurs professeurs et envoient cinq d’entre eux demander à Spalkhaber s’il a publié cette calomnie ou non. Peu satisfaits de sa réponse ils se retirent. Spalkhaber prétend que les étudiants se conduisirent tumultuairement à cette occasion, sans avoir encore pu le prouver. Il porte plainte au Recteur qui est forcé d’ajourner l’instruction de ce procès parce que le lendemain et surlendemain il y avait séance de la chambre des finances pour la reddition des comptes au Curateur et séance pressante de la commission des écoles. Daignez, Sire, ne pas oublier que le Recteur de notre Université est chef de 9 tribunaux et comités qui vont tous de pair sans compter la clinique de l’Université et les leçons qu’il doit donner comme professeur de médecine2. Des pareils travaux multipliés sans cesse par la guerre presque universelle que nous avons à soutenir doivent assurément excuser un délai de 3 jours si ordinaire dans d’autres tribunaux qui n’ont qu’un seul genre de travail. Pendant cet intervalle les étudiants se rassemblent en plein midi et portent à Spalkhaber un pereat devant sa maison à la proximité du corps de garde. Le Recteur, ayant été averti de cet excès par une dénonciation de Spalkhaber, présente la chose au tribunal de l’Université, parce qu’elle passait sa compétence. La dénonciation portait qu’en outre on avait cassé une vitre et on accusait un des étudiants en particulier. Elle se terminait par exiger que les coupables fussent incessamment livrés aux tribunaux criminels. Le tribunal de l’Université qui trouvait dans les Statuts des étudiants § 34, une loi précise contre les insultes faites à des particuliers, et un § 30 contre la polissonerie commise en public, crut à juste titre que le cas était de sa compétence, et non de celle des tribunaux criminels, récuse la dénonciation en invitant le dénonciateur à porter une plainte ordinaire pour obtenir satisfaction. Au lieu de le faire, Spalkhaber insulte à deux reprises par écrit le tribunal et tout le conseil de l’Université, et récuse en général la compétence de l’Université. Le tribunal le condamna pour ce manque d’égard à une amende de 20 Roubles. Peu après Spalkhaber se décide à reconnaître la compétence de l’Université, porte sa plainte qui est d’abord reçue. Le tribunal est occupé à l’examiner selon toute la rigueur de la loi. Mais il ne s’agissait pas seulement d’un délit contre un particulier, le général qui commande à Dorpat notifie que le pereat porté en présence du corps de garde est un manque de respect envers la garde. Le Recteur punit à cet égard les coupables en présence d’un témoin requis par lui et envoyé par le général qui déclare être plus que satisfait. Ainsi l’Université a donné la satisfaction publique et est occupée de prouver la satisfaction privée que Spalkhaber tienne en longueur en voulant aggraver le délit sans fournir de preuves.

Voilà ce qui s’est passé à Dorpat. Tout y est dans l’ordre requis. La scène change à Pétersbourg. Spalkhaber porte des plaintes au Gouverneur Général de la Livonie3. Le Gouverneur Général, sans examiner si la chose est de sa compétence, sans s’informer si l’Université a eu des raisons d’agir ainsi, sans savoir à quel tribunal une chose pareille ressort, prescrit par le Curateur à l’Université le jugement qu’elle doit rendre. Le Curateur exige que l’arrêt qui condamne Spalkhaber soit biffé des registres du tribunal.

Tout pêche en ce qui a été fait à Pétersbourg. L’affaire concernant la satisfaction privée est une affaire purement judiciaire. Or en toute affaire judiciaire personnelle ou réelle le § 6 de l’acte de fondation et le § 154 et 155 des Statuts de l’Université portent qu’on appelle du tribunal de l’Université au Conseil de l’Université et de celui-ci au Sénat de l’Empire. En outre un

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