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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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avez fait jusqu’alors pour les sciences eût été peut-être fait par un Auguste ou tout autre Hypocrite qui enrichit les gens de lettres pour en être payé par de l’encens. Mêmes Vos soins, si vrais si tendres, pour donner au gros des nations que Vous gouvernez un état supportable, peuvent être attribués à la simple pitié, comme à quiconque n’a pas foulé aux pieds tous les sentiments naturels. – Mais le gros des nations n’a point d’encens; mais la voix de sa reconnaissance passe rarement la cabane du pauvre qui jouit des dons de son ange tutélaire. Mais l’établissement de plusieurs milliers de foyers de lumières pour la partie méprisée de l’humanité prouve que Vous ne la méprisez pas, que Vous respectez votre semblable jusques dans les conditions que la barbarie avait rayées de la chaîne des êtres pensants.

Jouissez de cette belle action, Sire, sentez en toute la grandeur, et soyez sûr, que quelque soit la vicissitude des choses et des opinions humaines, dès aujourd’hui Votre rang est fixé parmi les premiers bienfaiteurs du genre humain.

Vous n’en serez pas plus heureux pour cela, dans le sens vulgaire. Au contraire: à la hauteur morale où Vous Vous placez Vos devoirs augmentent et la difficulté de les remplir. L’opinion de Vos vertus s’élève et avec elle l’attente de Votre Empire et de la postérité.

Alexandre! Mortel chéri qui est devenu l’idole de mon cœur, fais-toi un devoir sacré de te surveiller toi-même avec la plus scrupuleuse exactitude. Ne t’en tiens pas aux vertus de la bienfaisance. Épluche ton cœur, développe tous les replis de ton âme pour la délivrer de tout ce qui pourrait en souiller la pureté. Persuade-toi que toute faiblesse mène à un vice, que toutes les vertus se tiennent, que tous les vices sont parents. N’écoute que ta propre voix, que la voix de ta vertu. – Fais en sorte que rien ne manque à mon héros.

Voilà comment s’exprime ma reconnaissance. Le bienfait d’hier n’exigeait pas moins. Dois-je en dire davantage? J’attends les questions. Les réponses seront austères et dictées par le sentiment sublime qui fait que je t’aime plus que tout ce qu’on aime sur la terre.

<Sire! Jetez à présent un regard sur la marche de nos relations. Je puis provoquer ce regard avec une sérénité qui fait mes délices. Lorsque j’eus appris à connaître l’Être aimant que les hommes flattent, que les femmes trouvent beau, je me dis à moi-même: La nature en veut faire le héros de la vertu. Les hommes, les femmes et les circonstances voudront le corrompre. Mais je jurai par le ciel, par la vertu que j’aime encore plus que Vous, ou de l’emporter sur les hommes et sur les femmes et sur les circonstances, ou de périr.

Je prévois plusieurs questions que Vous avez à me faire. Je n’y réponds pas d’avance, mais croyez fermement que la vérité trouvera pour chacune d’elles la réponse dans mon cœur. Je dois partir dimanche au plus tard. Accordez-moi encore auparavant une heure d’entretien pour signer les traités que la vertu nous dictera et Vous parler de Votre santé. Calculez d’avance tous les arrangements sur ma manière de vivre présente. Je suis et veux rester éternellement professeur à Dorpat. Il n’est qu’un cas possible, celui que Vous connaissez, de me faire quitter cette vocation. Alors je fronderais le préjugé que ce changement occasionnerait, avec la même facilité avec laquelle je partagerais Vos dangers3.

Si j’ai eu tort à Vos yeux touchant le contenu de cette lettre, brûlez-la, sans en conserver la cendre4, et oubliez à jamais

Parrot.>5

Je dois partir dimanche au plus tard. Encore une heure d’entretien. La vertu, l’amour sacré de l’humanité nous inspirera les traités que nous avons à conclure. Je te jure par cette même vertu que j’aime encore plus que toi, que je serai fidèle à nos engagements.

En écrivant cette lettre je m’abandonne sans réserve à mon sentiment. Est-ce de l’enthousiasme? Et si c’en est, pourrez-Vous, Sire, le condamner? Si nous avions tous deux ce malheur, brûlez ma lettre, sans en conserver la cendre, et oubliez à jamais

Parrot.

P. S.

Pour éloigner toute espèce d’objets étrangers à la chose, permettez-moi de Vous rappeler les objets d’hier, qui peut-être Vous échapperaient dans la multitude des autres. Le présent à jeune Ungern-Sternberg. Le témoignage public d’estime à rendre à Sivers. L’État de toutes les écoles de nos 4 provinces6. Le projet concernant les universités russes. Permettez-moi enfin d’y ajouter le souvenir de Votre promesse touchant Votre portrait7. Kügelgen est à Réval chargé de mes reproches pour avoir perdu patience. Il est prêt à revenir dès qu’il saura que ce sera avec fruit. Sire! Il faut payer ses dettes, quoiqu’il en coûte.

Annexe

Mémoire d’établir des Universités en Russie 1

Le but est de donner à la nation russe des Universités vraiment nationales. Les lumières doivent enfin devenir indigènes. Pour y réussir il faut former une masse d’hommes instruits à qui on puisse confier l’instruction de la nation sans avoir recours à l’étranger. Mais c’est l’étranger qui doit former ce premier fond.

Pour cet effet il faut retarder de 6 années l’établissement formel des universités, mais en assigner de suite les fonds et les employer à cet objet. On aura par là d’abord l’avantage de tout préparer à loisir pour leur établissement, bâtiments, collections, instituts et surtout des étudiants.

Pour former le corps des professeurs on choisira dans toute l’étendue de l’Empire par chaque nouvelle université 100 jeunes gens le plus instruits que possible, et on les enverra étudier à des universités d’Allemagne sous l’inspection d’un Directeur qui fournira à leurs besoins de la manière prescrite ci-après. Ces jeunes gens seront recommandés particulièrement aux soins de ces universités, et l’on ne suppose en eux que les connaissances de philologie ordinaires.

La 1e année ils apprennent la langue allemande (langue dont ils ne peuvent d’ailleurs se passer par la suite) et se perfectionnent dans les langues anciennes. La seconde

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