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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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pas le reconnaître ne fait rien à la chose1. Si Vous ne le reconnaissez pas, qu’il vienne Vous y forcer. Mais comme il trouvera quelques difficultés à ce projet, il ne voudra pas être l’agresseur; il osera vous insulter pour Vous forcer à l’attaquer, parce qu’il a besoin d’une guerre pour se rendre intéressant après s’être rendu odieux. Lui céder en ceci c’est sacrifier au moins 100,000 braves russes et cent mille braves français, c’est en outre river les fers dont il enchaine une nation que, après tant de souffrances, méritait au moins de n’être pas avilie.

Si Vous ne repoussez pas l’insulte par armées, mais par un manifeste, Vous Vous montrerez de nouveau l’antipode du soldat couronné. Lui veut précipiter sa nation, à qui il doit tout ce qu’il est, dans une nouvelle guerre pour venger une prétendue offense faite à sa personne. Vous Vous supporterez magnaniment une insulte, pour ménager Votre nation, qui Vous doit déjà tant, et pour épargner à l’Europe la répétition des horreurs passées. Qui des deux sera plus chéri de l’Europe, plus admiré de la postérité, le Soldat sombre et égoïste ou le Monarque ouvert et bienfaisant? Je Vous parle de l’Europe et de la postérité, parce que l’estime de l’une et de l’autre doit Vous être précieux dans Votre vie publique. Votre cœur Vous dira que Vous seriez capable de la dédaigner dès qu’elle serait en contradiction avec Vos devoirs.

Le gouvernant français a prétendu introduire dans la politique européenne un langage ouvert et simple. Il a tenu parole dans quelques beaux moments de la révolution; à présent cette franchise consiste à dire que ce gouvernant est assez fort pour pouvoir braver impunément ses voisins. Vous ferez mieux. Vous donnerez l’exemple de la véracité et de la droiture; Vous avez déjà commencé. O mon Héros! restez dans cette belle carrière.

Le Pape a livré au gouvernement français un émigré que la Russie avait adopté2; il aura apparemment le sort du malheureux Enghien. – Ces meurtres portent le caractère révolutionnaire, et quand il serait prouvé strictement qu’en général le salut d’une grande nation doit être exposé pour venger la mort d’un individu, la prudence exige que ces actes de violences soient en quelque sorte amaigris, parce que c’est en vain qu’on voudrait s’efforcer pour le moment d’en arrêter le cours par la force armée. La guerre les forcera et est utile au despotisme naissant plus encore qu’elle n’est nuisible au despotisme consolidé.

Si Vous jetez les yeux, Sire, sur l’intérieur de Votre Empire, Vous trouverez de nouvelles raisons pour la paix; je m’en tiens à une seule, qui l’emporte sur toutes. Pour réaliser tant de vues bienfaisantes que Vous avez pour Votre peuple Vous avez besoin d’être autocrate. Or Vous cessez de l’être que Vous avez déclaré la guerre; de fait Vous devenez dépendant de tous les millions de besoins qu’ont Vos armées, dépendant surtout de ceux qui Vous fournissent ces besoins; au lieu que pendant la paix Vous êtes maître de tous les mouvements de chaque branche de l’administration, Vous accélérez ou ralentissez à Votre gré la marche de chaque individu que Vous employez. Calculez.

Quelque soit l’effet de cette lettre, elle Vous prouvera que si j’ai quelquefois conseillé des moyens vigoureux, je n’en hais pas moins la violence; Vous ne méconnaîtrez pas le tendre attachement que je Vous ai voué, supérieur à toutes les considérations qui auraient de m’imposer silence sur cette matière. J’ose même attendre de Votre profonde bonté que Vous voudrez bien m’envoyer une feuille de papier avec un simple oui ou non, pour ne pas me laisser dans l’incertitude. Si le temps Vous permettait d’y ajouter la réponse que Vous m’avez bien voulu promettre à quelqu’une de mes lettres, Vous rendiez bien heureux

Votre Parrot.

Mail il l’est déjà. Votre dernier séjour à Dorpat, cette heure à jamais mémorable m’interdit tous les vœux, hors celui de posséder un cœur plus sensible pour pouvoir Vous aimer encore davantage.

30. G. F. Parrot à Alexandre IER

Dorpat, 14 juin 1804

Sire,

J’ose aujourd’hui Vous rappeler un des instants de l’heure délicieuse que Vous m’accordâtes à Votre passage à Dorpat, celui où Votre cœur magnanime m’invita à Vous faire confident des situations embarrassantes où l’Université pourrait se trouver. Je le fais avec cette confiance illimitée que Vous m’avez inspirée, avec cet amour sans bornes que Vous avez pu un instant croire démesuré.

Le Directoire général des écoles Vous a demandé par la voie du Ministre 118 000 Roubles annuels pour l’entretien des gymnases et écoles de district des 4 gouvernements de l’Arrondissement de Dorpat. Cette demande est calquée sur un état que je présentai au Directoire l’année dernière. Il fut décidé alors que ce que les collèges des secours publics des 4 provinces avaient fourni jusqu’à présent serait fondu dans cette masse totale de 118 000 R.

Dans la requête du ministre il se trouve d’ajouter que les sommes fournies jusqu’à présent par les villes seraient également défalquées de cette masse totale. Vous avez accordé Votre sanction à cet arrangement, et le ministre a déjà envoyé des réquisitions aux Régences des 4 gouvernements pour mettre cet ordre à exécution.

Sire, je savais très bien que plusieurs villes ont fourni des contributions notables pour l’entretien des écoles. Mais j’avais compté sur ces contributions pour un autre but. D’un côté il est des villes telles que Riga et Dorpat, où les appointements généraux calqués par le Directoire ne peuvent pas fournir aux besoins des précepteurs. Il ne m’a pas été possible d’engager le Directoire à avoir égard à ces circonstances parce que l’on a pour principe de mettre à tout une uniformité aussi complète que possible, qui par l’énorme disproportion des prix dans les différentes provinces de l’Empire devient une injustice. J’avais donc compté redresser ce tort en engageant les villes considérables de notre arrondissement à employer une partie de ce qu’elles ont fourni jusqu’à présent à améliorer le sort de leurs précepteurs. L’autre partie, la plus considérable, devait être employée à l’entretien

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