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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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l’abus de la Religion. La cour de Rome, qui a fomenté tous les vices et tous les crimes, n’a pu parvenir à donner ce caractère de perversité à la Chrétienté du moyen âge qu’en prêchant cette soumission absolue qu’on prêche dans les deux instructions citées du Recteur et du Directeur; c’est la même qui dans la main des Jésuites a formé les Ravaillacs et les Damiens et a coûté la vie à Joseph II et à Ganganelli8. Le plus beau triomphe des Jésuites d’aujourd’hui est d’avoir dupé leur ennemi personnel, le Prince Galizin, de l’avoir amené à prêcher leurs principes dans tous les instituts de l’instruction publique et à préparer sans le savoir leur retour en Russie9; ils culbuteront ce Ministre et mettront à sa place Mr. de Magnitzky, l’auteur des deux instructions et du projet affreux de changer en pensions tous les gymnases et toutes les écoles de cercle, projet dont l’auteur de ce coup d’œil a déjà dévoilé le danger à l’Empereur avant qu’on ait essayé de le Lui présenter. – Non, la Religion de Jésus-Christ, cette Religion débonnaire, qui, pour parler avec l’Écriture, a l’affranchi les âmes du joug de la Loi, cette Religion sainte, cette Religion de charité et d’amour, cette Religion qui prêche si hautement le respect pour l’enfance, elle n’a besoin ni d’artifices ni de despotisme pour régner sur les cœurs; elle les pénètre sans art; elle les échauffe sans les brûler; elle les conduit au salut sans violence; elle leur inspire l’humilité sans bassesse; elle leur prêche la fidélité aux rois sans esclavage. Ses vrais moyens sont les seuls qui mènent au but; tous les autres, que les passions humaines veulent mettre à leur place, ne sont point dans son esprit et ne peuvent que la bannir des cœurs en même temps qu’ils paraissent lui élever au trône.

* * *

Mais quittons ces grandes idées pour rentrer dans les détails de l’administration de l’instruction publique. En Russie l’on renverse les professeurs en masse et sans forme, comme si la Russie avait un grand superflu d’hommes de lettres et comme s’il n’existait pas de lois pour la sûreté personnelle des professeurs. Sous le Comte Sawadofsky quatre furent chassés de Casan pour n’avoir pas voulu signer les comptes frauduleux et vils du Directeur qu’il se trompait. Quelques années plus tard trois professeurs de Charkow furent arrêtés par le Gouverneur de la province sur une accusation, reconnue ensuite frivole d’un mauvais sujet, et l’un d’eux mourut en prison10. Sous le Ministère actuel Mr. de Magnitzky a fait chasser 9 professeurs de Casan comme des hommes dangereux, dont l’un a été bientôt après placé à l’institut de Sarskoe Selo sous les yeux mêmes de l’Empereur. Depuis 4 professeurs de Pétersbourg ont eu le sort des neuf de Casan, également pour cause d’hérésie politique et religieuse11. Ces actes de terreur, contraires aux Ustavs des universités russes qui ordonnent que chaque professeur soit jugé au conseil de son université (loi que l’Empereur Alexandre a confirmée depuis peu lors du jugement des quatre jurisconsultes de Dorpat12), détruisent la sûreté personnelle, avilissent l’état d’homme de lettres chez une nation, aux yeux de laquelle on devrait l’élever pour engager la noblesse à s’y vouer, et font au Gouvernement russe une si mauvaise réputation à l’étranger, que Dorpat même ne peut pas compléter le nombre de ses professeurs, quoique l’on y distingue d’ailleurs fort bien cette université des autres universités russes.

Mais il est encore un ver intestin qui ruine sourdement la prospérité des universités et absorbe leurs plus nobles forces; c’est le pédantisme des formes, qui multiplie à infini et sans but les affaires, les papiers et les agents, qui métamorphose insensiblement les universités en chancelleries. Une université bien organisée, telle par exemple que celle de Dorpat, est un grand institut qui a, quoique en petit, presque toutes les branches d’administration à gérer, la juridiction civile sur ses membres, la police sur les étudiants, la gestion de ses finances, la partie scientifique, l’administration intérieure, les relations avec d’autres corps, la censure des livres et enfin la direction des écoles, direction qui comprend à elle seule presque toutes ces branches d’administration sur une étendue de plusieurs gouvernements. Enfin le premier devoir des professeurs est de lire leurs collèges, de s’y préparer, d’étudier les progrès de la littérature, chacun au moins dans sa partie, en outre illustrer, s’il le peut, l’université et étendre le domaine de la science par ses ouvrages.

Dans tout autre département chacun de ces objets d’administration a pour chaque province son collège à part qui s’occupe exclusivement de cet objet. Les professeurs par contre doivent donner leurs soins à toutes ces affaires et être en même temps hommes de lettres; et l’on exige aujourd’hui qu’ils remplissent toutes ces différentes tâches avec la même prolixité, avec le même pédantisme des formes, avec la même profusion de papiers, avec laquelle chaque autre collège qui n’en remplit qu’une seule. Pendant les 12 premières années de l’existence de l’Université de Dorpat le Gouvernement n’a pas songé à cette prétention, et à juste titre; car si le même esprit de minuties eût présidé alors, l’organisation de l’Université et des écoles de l’arrondissement de Dorpat ne serait peut-être pas encore achevée, et l’on se demande avec étonnement pourquoi la simple direction de ces instituts exige trois fois plus de travaux, d’employés et papier que leur création?

Mais ce n’est pas tout: la perte du temps voué à tous ces riens est encore le moindre mal. L’université voit constamment le glaive de la responsabilité suspendu sur sa tête pour peu qu’elle s’écarte de ces stériles formes. L’effet qui en résulte nécessairement est de faire de la crainte le mobile de toutes les actions, c.à.d. de paralyser le caractère et d’ôter la satisfaction de travailler par amour du bien.

Mais on objecte que tout le travail, partagé entre 25 ou 30 professeurs, sera moins onéreux. Mais pour faire cette objection il faut ne connaître ni les hommes ni les universités. Car tout professeur

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