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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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le Créateur, ce sentiment se fera jour de soi-même, dans les occasions favorables et enflammera les auditeurs. Mais si par la fréquence de la répétition ce sentiment devient en quelque sorte une formule, alors l’effet est totalement manqué. L’auteur de ce coup d’œil ne craint pas le reproche d’incrédulité et croit oser renvoyer pour cet objet à sa vie publique et privée et à son ouvrage intitulé: Entretiens sur la Physique, où l’adoration de l’Être suprême y est prêchée avec enthousiasme, il est vrai, mais à temps4.

L’histoire naturelle et l’astronomie ont leur part à ces devoirs de la physique, mais la chimie pas, la chimie qui nous décèle les plus hautes merveilles de la Création lorsqu’on sait la traiter en grand. Cette science est ici passée sous silence comme si elle n’existait pas.

La patience s’épuise à citer et examiner tous ces non-sens, qui se trouvent répétés dans les articles de la médecine, de la littérature, des langues anciennes et des langues orientales. Mais il faut s’arrêter à l’article de l’histoire si ridiculement placée dans la classe des beaux-arts, où l’auteur de cette instruction répète que tout ce que l’on nomme vertu et grandeur dans l’histoire profane n’est que le plus haut degré d’orgueil, et à l’article particulier de l’histoire russe «où l’on fait un devoir au professeur de démontrer combien le règne actuel a surpassé en gloire militaire et en sagesse législative tous les règnes précédents et les a même obscurcis». – Et l’on veut faire croire à la Russie, à l’Europe, que l’Empereur Alexandre a lu et signé ce passage si diamétralement opposé à l’extrême modestie qui le caractérise! L’auteur a-t-il songé que sous le règne suivant le Recteur de Casan lui demandera si le professeur d’histoire russe doit encore faire la même démonstration et l’appliquer au nouveaux règne <ou toujours au règne d’Alexandre>? Connaissait-il donc pas le catéchisme de Napoléon qui a valu à cet ambitieux le mépris général par la jactance qui y règne5? Il est vrai que quelques temps après on a senti que ce passage est une offense faite à l’Empereur, et que, sous prétexte de faites d’impression, on a fait une nouvelle édition de cette Instruction pour le Recteur de Casan, où ce passage est supprimé. C’est ainsi que l’on se joue d’un Prince ami de la modestie et de la droiture. Quels changements ne pourra-t-on faire, d’après cet exemple, sous prétexte de fautes d’impression?

* * *

Si l’on considère cette Instruction pour le Recteur de l’Université de Casan sous le point de vue d’un travail littéraire, on est forcé de juger que ce n’est qu’une phraséologie continuelle, où l’ignorance veut faire parade de connaissances et d’érudition. Si on la considère quant au but qu’elle affiche, de favoriser la Religion et de porter à la piété, l’on est forcé de juger qu’elle ne peut que produire le contraire. Car une jeunesse, à qui l’on ne parle dans chaque leçon d’histoire, de philosophie, de physique, de médecine, de langues anciennes etc. que de Religion et toujours de Religion, doit enfin se dégoûter de la Religion et regarder la piété comme un exercice fatiguant et ridicule. Et les professeurs, que le Recteur espionne pour s’assurer de leur portion de Christianisme et les faire chasser si cette portion ne lui paraît pas suffisante, avec quel sentiment exerceront-ils et enseigneront-ils la Religion de Jésus, cette Religion débonnaire qui rejette la violence et l’hypocrisie et ne veut régner que par l’amour et la vérité?

Examen de l’instruction pour le Directeur de l’Université de Casan

Le Directeur dirige l’Université pour ce qui regarde l’économie, la police et les mœurs.

On pourrait passer sous silence la partie économique, un règlement ne pouvant fournir que les formes et non l’honnêteté qui doit y présider. Mais les § 3 et 6 portent que «tout ce que l’Université possède, meubles et immeubles, est de ce ressort et que le Directeur est chargé de réduire toutes les dépenses superflues, dans quelque partie que ce soit». D’après ces § le Directeur a le droit de se mêler de la gestion des cabinets et collections scientifiques puisque c’est une partie principale, la partie la plus importante de la propriété de l’Université, et s’il juge que telle chose est superflue ou que telle collection à trop de fonds, il pourra faire des réductions. Comme à cet égard il n’est nullement question du professeur de la partie, ces collections et leurs fonds, si précieux aux Sciences, se trouvent dans les mains d’un barbare, qui n’étant lui-même pas professeur, n’a d’autre intérêt que celui de se faire valoir par des épargnes funestes aux progrès des lumières.

Sous le nom de Police l’on comprend ici non seulement les mesures de sûreté pour les bâtiments et les personnes, mais aussi l’inspection des étudiants. Passons sur la première partie pour nous attacher à la seconde, affectée d’un défaut capital. Le § 4 porte que, conformément à l’ordonnance du conseiller d’État Magnitzky (l’auteur ne se cite-t-il pas ici lui-même?) «il doit exister une inspection intérieure qui entoure continuellement l’étudiant dès son entrée à l’université». – Jusqu’à quel temps? – Jusqu’à sa sortie. – Et après sa sortie? – L’enfant qu’on a toujours surveillé de près, qu’on a tenu emmailloté jusques-là, entre dans le monde, et au service de l’État comme juge, prêtre, médecin, administrateur sans que son esprit ait mûri, sans que son caractère se soit formé par l’expérience, sans qu’il ait acquis la moindre connaissance des hommes. Et l’on croit avoir ainsi livré à l’État et au public un homme fait? La vraie éducation, la seule vraiment favorable au bien public, la seule qui fournit des hommes et non des automats de boue, c’est celle qui exerce la volonté et les forces morales du jeune homme en degrés proportionnés à son âge et à sa maturité avant de le jeter dans la vie civile. Tel est le but de ce qu’on nomme la vie académique, où l’étudiant, jouissant de sa liberté sous une inspection juste, qui ne le limite pas trop et surtout ne l’avilit

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