Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев
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Mais quelle est l’origine de ces formes superflues, accumulées de jour en jour? C’est la défiance. Le Gouvernement, trompé souvent par ses agents, se défie de tous et croit ou espère empêcher les prévarications en entassant les formes comme autant de barrières contre la mauvaise foi et la mauvaise volonté. Cinq grands inconvénients ont été les fruits de cette maxime. Le premier est l’augmentation du nombre des employés qui aujourd’hui font une armée, que l’État doit payer, qu’il paie mal et qui deviennent par là de nouvelles sangsues pour la nation comme pour trésor public. Le second est que chaque nouvelle forme est un nouveau rempart pour le fripon en même temps que c’est une nouvelle gêne, une nouvelle cruauté pour l’homme probe. Car l’on ne doit pas s’imaginer que ni le Souverain, ni ceux qui inventent ces formes et minutent les Ukases soient, eux seuls, plus habiles que les milliers de coquins qui ne rêvent jour et nuit qu’à les rendre illusoires; c’est une guerre sourde où le grand nombre voit toujours la victoire suivre les étendards de la corruption. Le troisième inconvénient est que le chef d’un département se trouve à la fin offusqué de tant de formes, aveuglé par les immenses détails qu’elles occasionnent et (comme le dit le proverbe allemand) à force d’arbres il ne voit plus la forêt. Le quatrième inconvénient est que quelquefois ces formes sont contradictoires et souvent impossibles à exécuter. Mais d’un côté on n’ose proposer de les abolir pour ne pas se rendre suspect et, de l’autre, la machine doit aller. Que faire? Il faut éluder et s’accoutumer à ne pas respecter la loi; d’où naît la théorie des expédients. Le cinquième inconvénient est la démoralisation des agents de l’État par le sentiment avilissant de la défiance à laquelle ils sont assujettis. Il faut réellement une vertu mâle pour conserver sa probité à côté de l’idée que l’État suppose une fourberie générale; et tel qui peut-être ferait son devoir si on lui témoignait moins de défiance, devient fripon parce que le Gouvernement le suppose tel; on veut mériter le traitement qu’on essuie. La confiance ennoblit l’homme et raffermit sa vertu; la défiance rétrécit son cœur, paralyse son âme entière; et la sainte Écriture dit: la forme tue, mais l’esprit vivifie. C’est ainsi que, le Gouvernement ne comptant plus sur la responsabilité morale, la responsabilité civile est devenue terrible à l’homme de bien qui voit sa fortune légitime, son honneur même dépendre d’agents qui le surveillent et qui veulent vivre de cette surveillance, illusoire pour le méchant qui a acquis dans sa place les moyens pécuniaires de prouver son innocence. La simplicité des formes et la confiance n’excluent pas une surveillance honnête; au contraire ce n’est que par elles qu’elle est possible.
Enfin l’on se demande: Quel est le but de ce tas de formes, d’employés et de papiers, pour les universités surtout, dont les supérieurs eux-mêmes sont écrasés? Ce but est double, d’abord la certitude que les professeurs font leur devoir et puis la gestion des finances. Mais les devoirs des professeurs sont de la nature ceux que le zèle seul sait remplir solidement et dignement. On peut même poser en thèse que tel professeur peut faire sa tâche avec indifférence et sans fruit, sans que la vigilance du Recteur, du Curateur et du Ministre, et moins encore celle d’un Directeur, puisse le lui prouver, ou même le soupçonner. On sait cela quand on a vécu 20 ans dans une université. Tout ce que le Gouvernement peut faire à cet égard, c’est d’établir aux universités un noble esprit de corps qui fasse de l’émulation le vrai surveillant et forme une voix publique à laquelle les étudiants, seuls à même de comparer journellement le mérite des professeurs l’un vis-à-vis de l’autre, aient une bonne part.
Quant à la gestion des finances, il faut être né avec ces formes, identifié avec elles, pour s’imaginer qu’il faille l’immense appareil qu’on étale pour empêcher la dilapidation à une université. Prenons Dorpat pour exemple. Les revenus annuels de cette université, la plus grande de toutes celles de la Russie, se montent à 337 710 Roubles papier. Si l’on en déduit les sommes à payer en appointements, gages, pensions, stipendium, prix, voyages pour la révision des écoles, voyages des nouveaux professeurs etc., sommes fixes qui ne peuvent être un objet de déprédations, il reste environ 90 000 Rbl. sur lesquels la mauvaise foi pourrait faire quelques profits; mais il faut en déduire encore 46 000 Rbl. que coûte l’entretien des instituts scientifiques confiés à l’intégrité de 16 professeurs (qui au reste ne manient pas cet argent et ne font qu’assigner