Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев
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Ce tableau de l’Empire, quant à l’instruction publique, d’où dévoile la vraie source du bien-être ou du malheur des États, est affligeant. Mais il n’est pas désespérant. Encore moins doit-il décourager une âme forte comme celle de l’Empereur Alexandre. Tous ces maux peuvent être réparés et cet Empereur magnanime, qui sent foncièrement le bien, qui est sûr du secours de la Divinité dans ce grand ouvrage, y réussira et ajoutera à sa gloire militaire <et à ses succès en Politique> la gloire encore plus solide de poser les fondements du bonheur interne, c.à.d. de la vraie grandeur de son Empire. Et ce beau travail est moins difficile et a plus d’attraits que l’on ne croit.
Oui, Sire, Votre grandeur politique effraie l’Europe qui se croit à la veille de se voir écrasée par le colosse de puissance que la Providence a déposé dans Vos mains et confié à Votre direction. Mais Vous n’avez pas oublié le mot sublime que Vous me dites lorsque Napoléon fut devenu Empereur: Il est tout-puissant et s’il fait le bonheur de son pays, je le nommerai mon frère de tout mon cœur. À l’extrémité opposée de l’Europe Vous êtes à sa place, mais avec des principes opposés, et Vous ferez pour la Russie ce qu’il n’a pas voulu faire pour la France, ce qu’il n’a pas pu faire parce qu’il n’avait pas d’âme. Après avoir délivré l’Europe et posé les fondements de la paix, Vous trouverez de la satisfaction, même des charmes, dans l’administration intérieure de Votre Empire, dès que Vous choisirez les moyens qui mènent au but. La Religion et l’instruction publique, ces bases éternelles de la prospérité des peuples, réclament Vos soins et Vous récompenseront par le succès qui ne pourra pas manquer si Vous faites régner la vérité, la simplicité et les connaissances là où l’hypocrisie, l’artifice et l’ignorance gouvernent. Ne craignez pas de manquer de moyens, c.à.d. d’hommes qui veuillent et puissent faire le bien. Ils paraîtront dès qu’ils l’oseront et agiront dès qu’ils le pourront.
C’est après dix ans d’éloignement, Sire! que je Vous adresse ces mots, l’expression de mon sentiment pour Vous, sentiment profond que Vous avez connu et aimé pendant dix ans. O! combien de fois Vous m’avez pressé sur Votre cœur! J’en étais digne; car je ne voulais que Votre bonheur. Je le suis encore et je Vous le rappelle pour Vous redonner la confiance aux vrais principes. Vous fûtes mon Héros alors que personne ne soupçonnait de l’héroïsme en Vous. Aujourd’hui Vous êtes devenu le Héros du public, cesserez-Vous pour cela d’être le mien, celui de la postérité?
218. G. F. Parrot à Alexandre IER
Dorpat, 1 mars 1825
Sire!
Me revoilà encore avec une nouvelle lettre. Je me reproche; je sens que je Vous fatigue. Mais l’astuce de l’Angleterre ne me laisse pas de repos. Sire! reconnaissez enfin Vos ennemis. La première gazette que je mets à la main à mon retour me dit que la compagnie anglaise du Levant a renoncé volontairement à son privilège1. Quel est le sens de cette abdication? – Que son privilège est nul à présent et qu’il vaut mieux y renoncer sans façon qu’avec bruit, pour gagner le commerce des isles grecques. Cela est si vrai que Canning a dit au Parlement que l’Angleterre doit renoncer aux sociétés exclusives de commerce et qu’en conséquence la compagnie du Levant doit abandonner son privilège. Et il ajoute: nous enverrons des commissaires aux isles grecques. Mais il s’est gardé dire que compagnie des Indes orientales renoncera également son privilège parce que là aucune nation, encore moins une Grèce, ne peut lui disputer le commerce exclusif.
Ainsi le plan de l’Angleterre est de déclarer, moitié officiellement, moitié tacitement, que la Grèce est libre et d’en gouverner les isles comme les isles Ioniennes. Elle sent que la Grèce s’affranchira et qu’alors elle lui disputerait (tout au moins) le commerce du Levant; et c’est ce qu’elle veut éviter et se procurer en outre par son protectorat un nouveau et sûr débouché pour ses fabriques. Mais pour atteindre ce but la Grèce doit être faible, heureuse de passer de la domination turque à la domination anglaise; il faut pour cet effet la morceler; aussi Canning ne parle que des isles, non du continent de la Grèce, sûr que ces vingt républiques isolées ne pourront avoir une volonté2, d’autant plus qu’en ce moment elles ne vivent que des guinées anglaises, dont la suppression