Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев
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L’acte original dressé par le tribunal qui a décidé dans cette affaire, fournit, comme suite de cette méfiance, les faits suivants qu’il suffit de présenter tels que l’acte les offre, malgré la partialité ouverte qu’on retrouve dans tout le style de cet acte (les mots soulignés sont traduits mot à mot du protocole allemand), pour faire voir que l’on n’a rien fait de ce qu’il fallait pour rétablir la confiance et que le paysan s’est conduit avec bien plus de modération que ses juges.
Plusieurs terres aux environs de Wolmar étaient le théâtre des dissensions. Le paysan refusait de payer ses redevances au seigneur en travail et en denrées. Voilà ce que l’on a appelé une révolte, comme si un sujet quelconque pouvait se rendre coupable de ce crime contre des particuliers!
Le 5 Octobre 1802 le tribunal de province reçut l’ordre de mettre fin à ces désordres, et l’on commence par faire marcher des troupes. Le 7 le tribunal arrive à Kaugershof, qui devint dès lors le lieu de la scène. Le lendemain le tribunal commence l’examen de l’affaire contre des paysans. Tout ce jour là tout fut tranquille, point d’attroupements. Quelques paysans d’une terre voisine se glissent cependant dans la chambre où le tribunal tenait sa séance. On leur lit la publication qui leur défendait de paraître. Ils reconnaissent leur tort; on renvoie les chefs de métairie et on punit de 25 coups de bâton les journaliers. Première mesure contraire au but que l’on devait se proposer de rétablir la confiance!
Pour s’assurer de plusieurs coupables (on ne dit pas de quoi) on les enferme et les fait garder par des sentinelles militaires. Le lendemain à 8 heures du matin paraissent les premiers attroupements armés de bâtons, de perches et de quelques fusils. Le militaire était déjà rangé. Les paysans demandent l’élargissement de leurs camarades. Le tribunal s’avance à eux les exhorter à être tranquilles, à dire par quelle raison ils paraissaient en foule et armés, et à répondre aux questions qu’on leur ferait. Là-dessus quelques-uns d’eux s’avancent hors de la multitude, le chapeau sur la tête, les bâtons levés, gesticulent avec leurs chapeaux, se frappent à la poitrine, tombent à genoux et s’écrient qu’ils veulent défendre leurs frères jusqu’au sang. (Quel moment intéressant! Combien de périodes à distinguer dans ce peu de lignes! Que d’instants perdus pour la cause de l’humanité!) Au lieu de cela on fait parade du vœu du Monarque. Les paysans répondent que les juges et le militaire sont gagnés par les seigneurs, qu’ils veulent avoir des juges et des soldats de Pétersbourg qui leur donnent le vrai Ukase de l’Empereur, que ce qu’on leur a publié n’est pas la volonté du souverain qui veut leur accorder la liberté comme à ceux des environs de Pétersbourg, enfin qu’ils veulent obéir, mais uniquement aux ordres de l’Empereur. La foule conforme ces déclarations par signes et cris. On entendit même dire: «Pourquoi parler si longtemps. Assommez le vieux juge».
Cependant les pourparlers durent encore; enfin le tribunal croyant ne pouvoir faire entendre raison à la multitude ordonne au militaire de charger à balles. Les paysans répondent par des bravades qui firent assez d’effet sur les juges pour que malgré leur envie d’en venir d’abord aux mains avec les paysans, ils conservèrent assez de sang froid pour sentir que, vu le nombre des ennemis et le désavantage du terrain, ils auraient le dessous.
Ces raisons et surtout le désir d’épargner le sang engagèrent les juges à temporiser avec les paysans jusqu’à l’arrivée d’un renfort d’artillerie volante qu’on mande à la hâte de Wenden. Cependant la multitude augmentait pendant la journée au point que sur le soir il y avait près de 3000 paysans attroupés; pour plus de sûreté on fit venir de Ronnebourg un détachement de dragons de plusieurs compagnies, et on ferma les passages sur l’Aa.
À ces pourparlers succède un long calme, puis de nouveaux mouvements; les paysans demandent à grands cris l’élargissement de leurs camarades. Les juges se mettent en marche vers la foule, et remontrent le Lieutenant Nottbeck amener deux députés des paysans, qui demandent à leur parler. Ils promettent au nom de l’attroupement de se retirer pourvu qu’on veuille relâcher leurs camarades. On leur refuse. Alors ils demandent que le prince Golitzin se rende sur les lieux, pour qu’ils puissent lui parler. (Qui ne voit ici le besoin que ces malheureux sentaient de placer leur confiance en quelqu’un qui ne fut pas intéressé à leur nuire? Et n’y avait-il pas de la barbarie à leur refuser ce que tant de vexations leur donnaient un droit de demander?) On leur donne l’espérance que peut-être le Gouverneur général arriverait le lendemain au soir. Ce peut-être suffit déjà pour les calmer. Ils promettent d’être tranquilles en déclarant cependant qu’ils resteront en place jusqu’à son arrivée. Ils tiennent parole, malgré le rapport que fit un soldat qui prétendait avoir ouï dire qu’ils attaqueraient les troupes dans la nuit.
La nuit tout est tranquille. L’artillerie et les artilleurs mandés de Wenden arrivent, de même qu’un nouveau détachement de 403 Soldats du 3e bataillon d’artillerie, armés de sabres et de bâtons.
Le lendemain matin, le 10, la foule paraît inquiète et disposée à l’attaque. Le tribunal s’y transporte, essaie en vain de la disposer à l’obéissance, et demande qu’on livre des chefs (de quel droit, puisqu’il existait de la veille un traité qui devait durer jusqu’à l’arrivée du Gouverneur général?). Les paysans n’ont pas la lâcheté de les livrer (ils sont encore persuadés de la justice de leur cause). Le tribunal envoie un détachement de soldats pour les saisir, s’en rapportant pour cette expédition à la seule sagacité du soldat. Le détachement est repoussé. Les premières hostilités étant donc commises de la part des paysans, le juge ordonne à six grenadiers de faire feu sur les rebelles, dans une direction basse. Cela ne