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Maigret - Simenon
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Les yeux gris de Cageot ne quittaient pas Maigret, qui ne pouvait plus s’arrêter.
— Vous avez fait tuer Barnabé par Pepito. Je vais vous dire, moi, par qui vous avez fait tuer Pepito. Il y a, dans votre bande, un beau garçon qui est jeune, qui a tout pour lui : les femmes, l’argent, le succès, la désinvolture et une absence totale de conscience.
« Osez affirmer que le soir du meurtre de Pepito vous n’étiez pas au Tabac Fontaine ! Il y avait là le patron, puis ce tenancier de maison close qui s’appelle Colin et qui est encore plus lâche que vous, puis Audiat, le Marseillais et enfin Eugène.
« C’est Eugène que vous avez envoyé au Floria. Puis, quand il est revenu, le travail fait, et qu’il vous a annoncé qu’il y avait quelqu’un dans la boîte, vous avez mis Audiat sur l’affaire.
— Et après ? prononça Cageot. À quoi tout cela vous sert-il ?
Il s’appuyait des deux mains aux bras du fauteuil comme s’il eût voulu se lever. Il tenait la tête un peu en avant, dans un mouvement de défi.
— À quoi cela me sert ? À vous prouver que je vous aurai, justement parce que vous êtes un lâche et que vous vous êtes entouré de trop de gens.
— Je vous jure, moi, que vous ne m’aurez jamais.
Il avait un sourire sans gaieté. Ses pupilles s’étaient rétrécies. Il ajouta lentement :
— La police n’a jamais eu un homme intelligent ! Vous parliez tout à l’heure d’empoisonnement. Puisque vous avez été de la « maison », vous pouvez sans doute me dire combien on découvre d’empoisonnements par an, à Paris ?
Maigret n’eut pas le temps de répondre.
— Pas un ! Vous entendez ? Or, vous n’êtes pas assez naïf pour croire que, sur quatre millions d’habitants, il n’y en ait pas quelques-uns qui succombent à une trop forte dose d’arsenic ou de strychnine ?
Il se leva enfin. Maigret attendait ce geste depuis longtemps. C’était la détente après un trop long effort, et la détente se traduisait fatalement par des paroles.
— Aujourd’hui même, j’aurais pu vous supprimer. J’y ai pensé. Il suffisait d’empoisonner votre vin. Remarquez que la bouteille n’est déjà plus dans la maison. Il me reste à laver le verre. Vous sortez d’ici et vous allez mourir n’importe où.
Maigret eut un doute, mais qui dura un dixième de seconde à peine.
— Vous avez raison. Je n’ai pas tué Barnabé. Je n’ai pas tué Pepito. Je n’ai même pas tué cet imbécile d’Audiat.
Cageot, sa bonbonnière à la main, parlait bas d’une façon suivie. À bien le regarder, il était ridicule, car sa robe de chambre était trop courte et ses cheveux non peignés lui faisaient une étrange auréole. Sans le téléphone, le commissaire eût ouvert la fenêtre pour échapper à cette atmosphère oppressante de vie renfermée.
— Ce que je vous dis n’a aucune importance, puisque vous n’êtes pas assermenté et qu’il n’y a pas de témoin.
Comme pris de doute, il regarda dans le corridor, ouvrit même un instant sa chambre à coucher.
— Ce que vous n’avez pas compris, voyez-vous, c’est qu’ils ne me trahiront pas, même s’ils sont plus coupables que moi. Eugène a tué. C’est Louis qui a fourni le revolver et la clé du Floria. Et savez-vous ce qui pourrait bien arriver si Eugène faisait le malin ? C’est que, un de ces soirs, au cours d’une belote, le petit M. Colin comme vous dites, cet avorton à moitié sourd et bégayant, soit chargé de lui mettre à son tour quelque chose dans son verre. C’est moins nécessaire que vous le croyez, je vous jure, de savoir égorger un poulet.
Maigret s’était dirigé vers le bureau pour y prendre son chapeau et ses allumettes. Ses genoux tremblaient légèrement. C’était fini ! Il avait atteint son but ! Il ne lui restait qu’à sortir. L’inspecteur qui attendait dans la rue avait un mandat d’amener en poche. Quai des Orfèvres, on attendait des nouvelles et l’on devait se livrer au jeu des pronostics.
Il y avait deux heures que Maigret était là. Eugène, en pyjama de soie, prenait peut-être un tardif petit déjeuner en tête à tête avec Fernande. Et où pouvait courir, de son côté, la brave maman de Philippe ?
Des pas se firent entendre dans l’escalier. On frappa violemment à la porte. Cageot regarda Maigret dans les yeux, puis fixa son revolver qui était resté sur le bureau.
Tandis qu’il allait ouvrir, le commissaire mit sa main à la poche revolver et resta planté au milieu de la pièce.
— Que se passe-t-il ? fit dans l’entrée la voix d’Eugène.
Les deux hommes furent aussitôt à la porte du bureau.
Il y avait encore des pas derrière eux : ceux de Fernande, qui regarda Maigret avec étonnement.
— Qu’est-ce que ?… répéta Eugène.
Mais déjà un taxi s’arrêtait bruyamment devant la maison, serrant ses freins grinçants.
Eugène courut à la fenêtre.
— Je l’avais bien dit ! gronda-t-il.
Les policiers qui surveillaient le domicile de Fernande et qui avaient suivi le couple sautaient sur le trottoir.
Cageot ne bougeait pas. Son revolver à la main, il réfléchissait.
— Qu’es-tu venu faire ?
Il s’adressait à Eugène, mais celui-ci parlait en même temps que lui.
— J’ai téléphoné quatre fois et…
Maigret avait reculé lentement de façon à avoir le dos au mur.
Au mot téléphone, Cageot jeta un coup d’œil à l’appareil. Au même instant une détonation retentissait, une odeur de poudre brûlée emplissait la pièce, et un nuage bleuâtre s’étirait par terre.
Maigret avait tiré. La balle avait atteint la main de Cageot, dont le revolver était tombé par terre.
— Ne bougez pas ! dit le commissaire qui braquait toujours son arme devant lui.
Cageot resta figé. Il avait encore en bouche une praline qui lui déformait la joue gauche, et il n’osait faire un mouvement.
Des gens montaient l’escalier.
— Va ouvrir, Fernande, ordonna Maigret.
Elle chercha le regard d’Eugène pour savoir si elle devait obéir, mais son amant fixait obstinément le plancher. Alors, résignée, elle traversa l’antichambre, retira la chaîne, tourna la clé dans la serrure.
Du sang coulait goutte à goutte de la main de Cageot. Chaque goutte faisait un léger bruit en s’écrasant sur le tapis où grandissait une tache brunâtre.
Soudain, avant que Maigret eût pu intervenir, Eugène fit un bond vers la fenêtre, l’ouvrit non sans briser une vitre et sauta dans le vide.
Des cris éclatèrent dans la rue. Eugène était tombé sur le toit du taxi arrêté, s’était précipité à terre et avait pris sa course dans la direction de la rue des Dames.
Au même moment, deux inspecteurs se dressaient dans le cadre de la porte.
— Que se passe-t-il ? demandèrent-ils à Maigret.
— Rien. Vous allez arrêter Cageot, contre qui il y a un mandat d’amener. Vous avez des collègues en bas ?
— Non.
Fernande n’y comprenait rien, regardait avec hébétude la fenêtre ouverte.
— Alors, il courra longtemps !
Tout en parlant, Maigret avait repris la rondelle de bois et l’avait glissée dans sa poche. Il eut la sensation qu’il se passait quelque chose du côté de Cageot, mais ce n’était pas grave. C’était le Notaire qui mollissait, roulait sur le tapis, où il restait inerte.
Il s’était évanoui, sans doute d’avoir entendu son sang tomber goutte à goutte.
— Attendez qu’il soit revenu à lui. Si vous y tenez, appelez un médecin. Le téléphone marche, à présent.
Maigret poussa Fernande vers le palier et la fit descendre devant lui. La foule s’amassait devant la maison. Un sergent de ville essayait de passer.
Le commissaire parvint à se faufiler à travers la cohue et il se retrouva avec Fernande devant la charcuterie du coin de la rue.
— Grand amour ? demanda-t-il alors.
Il remarqua alors qu’elle portait un manteau de fourrure neuf. Il le palpa.
— C’est lui ?
— Oui, ce matin.
— Dis donc, sais-tu que c’est lui qui a descendu Pepito ?
— Ah !
Elle n’avait pas bronché. Il sourit.
— Il te l’a dit ?
Elle se contenta de battre des cils.
— Quand ?
— Ce matin.
Et elle ajouta, soudain grave, en amoureuse qui croit que c’est arrivé :
— Vous ne l’aurez pas !
C’est elle qui avait raison. Un mois plus tard, elle allait rejoindre Eugène à Stamboul, où il avait ouvert une boîte de nuit dans la grand-rue de Péra.
Quant à Cageot, il est comptable au bagne.
Comme tu me l’as demandé, écrit Mme Lauer à sa sœur, je t’envoie par grande vitesse six plants de prunier comme nous en avons dans le jardin de la tourelle. Je crois qu’ils prendront très bien dans la Loire. Mais tu devrais dire à ton mari, que, à mon avis, il laisse beaucoup trop de bois sur ses fruitiers.
Philippe se porte mieux depuis qu’il est rentré au pays. C’est un bon garçon, qui ne sort presque pas. Sa passion, le soir, c’est de faire des mots croisés. Mais depuis quelques jours je le vois souvent rôder du côté de la maison des Scheffer (ceux de l’usine à gaz) et je crois que cela finira par un mariage.
Dis aussi à ton mari qu’on a donné hier, ici, la pièce que nous avons vue ensemble au Palais-Royal. Mais elle m’a moins plu qu’à Paris…
Maigret rentrait avec ses bottes de caoutchouc et trois brochets à bout de bras.
— On ne les mangera quand même pas ! remarqua sa femme.
— Évidemment !
Il avait dit cela si drôlement qu’elle leva la tête pour le regarder. Mais non ! il pénétrait déjà dans le hangar pour ranger ses lignes et retirer ses bottes.
— Si l’on devait manger tout ce que l’on tue !
La phrase se forma toute seule dans son esprit en même temps qu’une image saugrenue : celle d’un Cageot blême et perplexe en face des cadavres de Pepito et d’Audiat. Cela ne le fit même pas sourire.
— Quelle soupe as-tu faite ? cria-t-il en s’asseyant sur une caisse.
— Aux tomates.
— Ça va !
Et les bottes tombèrent l’une après l’autre sur le sol de terre battue en même temps que fusait un soupir d’aise.
Porquerolles, juin 1933.
FIN