dévoilera le plus de fermeté dans Votre marche, c) qui aura la première influence sur le crédit des assignations. D’abord comptez que la noblesse de Livonie paraîtra bientôt aux pieds du trône, Vous demandera l’article 4 en Vous prouvant invinciblement qu’elle est ruinée si Vous ne l’accordez, je l’ai appris à mon retour. La supplique circule déjà chez les individus à la campagne, et je me tromperais fort si la noblesse d’Estonie n’en faisait autant. Vous ne pourrez pas refuser; je le prévois. Faites donc de Vous-même grandement et comme un acte de justice générale ce que Vous ferez pourtant à la suite de sollicitations réitérées ou à la suite de sommes employées à cet effet. Croyez-moi; la Livonie est décidée à réussir et elle y employera ses derniers deniers. Le financier Vous dira peut-être que Vous y perdez; cela n’est pas vrai; Vous y gagnez. Écoutez, examinez mon calcul. Supposé que Vous ayez prêté à différents corps de noblesse 20 000 000 sous condition de remboursement successif en Roubles d’argent, et que Vous ayez annuellement 1 000 000 à en percevoir. Sur le taux de 3 80 cop. ce million Vous vaudra 3 800 000 Rbl. en papier. Si Vous en acceptez le paiement à 2 Rbl. Vous recevez 2 000 000 et la perte est de 1 800 000 Rbl en papier. Mais si Vous exigez des Roubles en argent, les corps de noblesse seront obligés de les négocier, et le cours des assignations retombera; supposé que ce ne fut que 10 cop. sur le Rouble d’argent, ce qui est le moins possible, c’est 1/38 de perte que Vous faites sur tous Vos revenus qui cette année ont dû se monter à environ 200 000 000 Rbl. en papier. En supposant que Vous ne veuillez pas Vous soucier des malheureux employés de la Couronne qui ne vivent que d’assignations (je Vous parle en ce moment en pur financier), la partie de Vos revenus que Vous dépensez immédiatement se monte à plus de la moitié; <soit à 100 000 000. Ce 1/38 de 100 000 000 est près> c’est donc près de 3 000 000 que Vous perdez effectivement pour gagner 1 800 000 Rbl. et Vous avez en outre l’air de vouloir arracher à Vos sujets les derniers Roubles d’argent qu’ils ont encore, jour faux, jour odieux qu’on Vous a déjà donné en Vous proposant l’Ukase sur les archives1. Dès que Vous faites la paix au sud Vous n’avez besoin que de papier; Votre propre papier fait Votre richesse et Vous n’avez d’autres mesures à prendre que pour en hausser la valeur. – Et si enfin la noblesse ne peut pas payer ces Roubles en argent, si elle se déclare banqueroute, voudrez-Vous Vous mettre en possession de ses terres, dans le moment où Vous annoncez la vente des domaines? Vous voyez qu’il faudra céder. Accordez donc de Vous-même, comme le projet d’Ukase le dit, ce bienfait à Vos sujets. Vous en retirez les premiers fruits par la haussse des assignations; car cet Ukase déjouera mille projets agiotants qui depuis 2 ans ne cessent de ruiner le crédit de la Couronne. Sentez que dès qu’il ne se fera plus de paiements en argent l’argent doit tomber autant qu’il peut à l’intérieur, et que Vous n’aurez plus à faire qu’à la baisse causée par le commerce extérieur. O mon Alexandre, j’aurai la joie d’entendre <de nouveau> enfin Vos louanges dans la bouche des aristocrates!
Je n’ai plus qu’un mot à Vous dire sur ces Ukases: faites les traduire promptement; envoyez-les sans délai au Senat, et qu’elles paraissent à la fois le plus tard le 1er de Décembre. Ne Vous arrêtez plus aux opinions vagues et partagées de Vos alentours. Fiez-Vous à la droite raison et au désintéressement de Votre ami. Que m’importe à moi la hausse ou la baisse des assignations? Quand celles que Vous me donnez ne suffiront plus à une subsistance, chacun de Vos Grands, si je n’avais pas d’autres ressources, m’en donnera le double et le triple pour être le gouverneur de ses fils; et les miens sont élevés. – Je suis un homme libre. Vous seul, Votre intérêt personnel, me rend esclave. – Et je le suis si volontiers!
À présent encore un mot sur un autre objet. À l’occasion de notre discussion sur les Ministères, je Vous dis que l’instruction publique est confondue avec les finances, l’industrie etc. dans le département de l’économie politique. Vous me dites que c’était une fausse traduction. Dès mon arrivée j’ai recherché la gazette et voici le § du Manifeste contenant la constitution du grand Conseil2; je le traduis mot à mot.
«Seconde Partie
Règlements particuliers pour le Conseil d’Empire.
1o. Arrangement des départements.
1) Nombre des départements et de leurs objets.
§ 5. Sous le département de l’économie politique sont comptés tous les objets d’industrie générale, des sciences, du commerce, des finances, des recettes et des comptes.»
Est-il possible qu’il y ait là une faute de traduction? Si cela était, l’instruction publique se trouverait dans un autre département. Et s’il n’y en a pas, pouvez-Vous souffrir de voir les sciences, l’instruction publique rejetées dans le département des fabriques, du commerce etc.? Doivent-elles être regardées comme des objets d’industrie? <N’iraient-elles pas mieux de pair avec le culte? Mais on a mis le culte dans le département du civil et de la justice pour ne pas anéantir le collège de justice, collège monstrueux qui réunit les objets les plus disparates.>
Il y a 8 ans Vous avez applaudi aux principes contraires que je Vous présentai dans le mémoire de la faculté de philosophie contre celui de Mr. Zimmermann. Vous avez trouvé une classification des Ministères juste; elle cadre avec Vos premières idées et n’y met que plus de précision. Aujourd’hui Vous avez changé de système: Vous avez un Ministère de Police qui doit finir par empiéter sur presque toutes les branches de l’administration intérieure3. Vous ne connaissez pas encore par expérience l’esprit d’un pareil ministère, mais Vous le connaîtrez quand Vous y aurez un homme de tête. L’exemple de la France est une mauvaise autorité4. Voulez-Vous adopter le système