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Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев

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l’Université sera responsable de ses employés, son existence même sera attaquée, et toute Votre constance, minée ainsi goutte à goutte s’épuisera enfin, ou Votre santé succombera aux chagrins qui en résulteront. Je l’avoue, Sire! sous ce point de vue l’existence d’un professeur de Dorpat est terrible. Vous savez si je m’effraie aisément des difficultés, mais je Vous avoue loyalement que ni mon courage ni mes forces ne suffiront à celles-là. Tout homme paie enfin son tribut à la faiblesse de la nature humaine, ne fut-ce qu’à celle qui nous vient de notre physique.

Sire! j’ai parlé avec toute la vérité dont je suis capable. Quoiqu’il arrive je ne quitterai point lâchement mon poste qui est malheureusement celui des écoles de campagnes, je lui sacrifierai mon amour pour ma science, la gloire littéraire à laquelle je crois avoir quelques droits. J’y mourrai consumé d’efforts inutiles à l’humanité; je Vous appartiens —

Parrot

Peut-être cette lettre ne fait pas face à toutes les raisons de Mr. de Novossilzoff. Si cela est, mettez-moi aux prises avec lui, en Votre présence; si j’ai tort je serai le premier à lui céder; je ne puis vouloir que le bien public. O mon Alexandre! ne Vous fatiguez pas de ma constance.

57. Alexandre IER à G. F. Parrot

[Saint-Pétersbourg, 17 avril 1805]1

Je joins ici le Doclad présenté par le Comité de l’instruction publique, de même que l’opinion de M. de Novossiltzof à laquelle plusieurs membres se sont rangés. Vous verrez que tous communément rejettent le projet de prendre les écoles paroissiales aux frais du Gouvernement. Les raisons citées sont très délicates surtout dans le poste où je me trouve. Vous verrez aussi que l’opinion de Novossiltzof n’est pas précisément ce que Vous m’en dites dans Votre lettre, quelques-unes des raisons qu’il cite sont assez fortes2.

Tout à vous.

[Paraphe]

Renvoyez-moi tous ces papiers après les avoir lus, et dites-moi ce que Vous en pensez.

58. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Saint-Pétersbourg], 18 avril 1805

Ange tutélaire de l’humanité!

Vous avez ramené l’espoir dans mon cœur navré. Je Vous en remercie de toute mon âme, au nom des 9/10 de Vos sujets – de Vos frères1. Nous triomphons.

Je reçus hier Votre message à I heure et demi. Je passai l’après-midi jusqu’à XI heures à faire traduire toutes les pièces en ma présence par Roth <mon beau-frère>, sur lequel je puis confier, la nuit à réfuter. Le maigre extrait que le Ministre a fait du plan de l’Université contient quelques contradictions qui naissent nécessairement d’une pareille manière de travailler. Les principes du Doclad étant tous allégués dans le sentiment de Novoss., c’est à ce sentiment que je me suis attaché. J’espère que quand Vous aurez lu cette réfutation Vous serez convaincu. La victime m’a été d’autant plus facile qu’il m’a paru reconnaître à la marche des idées l’intervention de Rosenkampff. Jamais le noble Novoss. n’eût écrit de cette manière < jamais il ne se fût permis ces termes d’avocat>.

J’ai médité de nouveau toute cette matière et j’ai trouvé la possibilité d’ériger les écoles paroissiales au moins dans les ⅔ des paroisses sans Vous demander des fonds annuels. Si Vous voulez bien y consentir je pourrai Vous fournir pour après-demain le plan sous la nouvelle forme, en français. Si Vous l’agréez la traduction sera bientôt faite.

Veuillez me faire savoir Votre résolution après avoir lu la réfutation. Si Vous pouviez ne Vous régler que sur les principes, je n’aurais pas besoin de faire ce nouveau plan; mais abandonné de tous Vos alentours2 lorsqu’il s’agit d’argent, je sens qu’il faut tenter une autre voie, et j’éprouverai un plaisir bien doux à ce travail.

Quant aux séminaires, c’est en vain que je me tourmente pour parer aux frais3. Il est impossible. Mais, Sire, daignez Vous souvenir que si N. N. fléchit sur ce point pour 15 000 Rbl. comme il le fait, Vous pouvez en accorder le double ou le triple, surtout si Vous lui faites le même offre pour son arrondissement (ne songe-t-il pas à son séminaire de Pétersbourg4 qui n’a pas son analogue chez nous!), et donnez de l’espérance pour les autres, espérance qu’on ne s’empressera sûrement pas de réaliser avant que nous ayons terminé notre ouvrage des séminaires; au bout de ce temps ces fonds seront de nouveau disponibles.

Les écoles de paroisses des villes pourront s’établir sans fonds extraordinaires. Nous avons encore les fonds des collèges des secours publics qui ne sont pas encore attaqués. La moitié suffira à cet objet. L’autre restera destinée aux objets que le Ministre avait assignés sur le tout, à l’achat et l’entretien des bâtiments des autres espèces d’écoles.

Pourquoi faut-il tant de détours pour forcer le Directoire de l’instruction nationale <publique> à mériter son titre? Selon son plan il n’est que le directoire des universités, des gymnases et des écoles de district <c.à.d. le directoire de la minorité des écoles>.

Il est VIII heures. Je vais prendre quelques heures de repos pour regagner quelques forces en attendant Vos ordres.

Parrot Vous aime de toute son âme!

Pardonnez-moi une mauvaise écriture. Je ne pouvais mieux écrire.

59. G. F. Parrot à Alexandre IER

[Saint-Pétersbourg], 24 avril 1805

Sire!

Vous êtes malade. N’osant être autour de Vous pour Vous soigner comme mon cœur le désirerait, je veux au moins m’approcher en idée de Votre personne chérie, Vous dire, s’il est possible, combien je Vous aime, et Vous causer par là, si je puis, quelques moments agréables, la seule manière qui soit en mon pouvoir d’y parvenir. Je Vous ai déjà dit plusieurs fois que je Vous aime, pour Votre personne seule, pour Vos sentiments tendres et sublimes envers l’humanité, pour Votre cœur, pour tout ce qui est réellement à Vous. Je Vous vois toujours à nu, dépouillé de toute grandeur extérieure, et c’est ainsi que je Vous respecte bien sincèrement. Votre belle âme m’apparaît dans toute sa pureté; je la fais juge de chaque instant de

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