Французский с Проспером Мериме. Кармен - Ирина Дегиль
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Me trouvant en Andalousie au commencement de l’automne de 1830, je fis une assez longue excursion pour éclaircir les doutes qui me restaient encore. Un mémoire que je publierai prochainement ne laissera plus, je l’espère, aucune incertitude dans l’esprit de tous les archéologues de bonne foi. En attendant que ma dissertation résolve enfin le problème géographique qui tient toute l’Europe savante en suspens, je veux vous raconter une petite histoire; elle ne préjuge rien sur l’intéressante question de l’emplacement de Munda.
J’avais loué à Cordoue un guide et deux chevaux (я нанял в Кордове проводника и двух лошадей; louer – отдавать внаем; арендовать; брать внаем, напрокат; cheval, m), et m’étais mis en campagne (и начал поиски; se mettre en campagne – выступить в поход; начать поиски; campagne, f – поле; /воен./ поход, кампания) avec les Commentaires de César et quelques chemises pour tout bagage (/не имея/ другой поклажи, кроме «Записок» Цезаря и нескольких рубашек; avoir pour tout bagage – не иметь другой поклажи, кроме; bagage, m; commentaire, m – комментарий, толкование). Certain jour, errant dans la partie élevée de la plaine de Cachena (однажды, бродя по возвышенной части Каченской равнины; certain – достоверный; некоторый; jour, m – день), harassé de fatigue, mourant de soif (изнуренный от усталости, умирая от жажды; fatigue, f; mourir; soif, f), brûlé par un soleil de plomb (палимый свинцовым солнцем; brûler – жечь; обжигать; plomb, m – свинец), je donnais au diable de bon cœur César et les fils de Pompée (я от всей души: «от доброго сердца» посылал к черту Цезаря и сыновей Помпея), lorsque j’aperçus, assez loin du sentier que je suivais (когда /вдруг/ я заметил вдали от тропинки, по которой я шел; apercevoir – замечать; suivre – следовать; /qch/ – идти по чему-либо; assez loin – довольно далеко), une petite pelouse verte parsemée de joncs et de roseaux (небольшую зеленую лужайку, усыпанную тростником и камышами; jonc, m – тростник, камыш; ситник; roseau, m – тростник, камыш). Cela m’annonçait le voisinage d’une source (это говорило мне о близости источника; annoncer – объявлять; возвещать; указывать; voisinage, m – соседство; близость; voisin – соседний; смежный, близкий).
J’avais loué à Cordoue un guide et deux chevaux, et m’étais mis en campagne avec les Commentaires de César et quelques chemises pour tout bagage. Certain jour, errant dans la partie élevée de la plaine de Cachena, harassé de fatigue, mourant de soif, brûlé par un soleil de plomb, je donnais au diable de bon cœur César et les fils de Pompée, lorsque j’aperçus, assez loin du sentier que je suivais, une petite pelouse verte parsemée de joncs et de roseaux. Cela m’annonçait le voisinage d’une source.
En effet, en m’approchant, je vis que la prétendue pelouse était un marécage (на самом деле, когда я подъехал, я увидел, что эта предполагаемая лужайка была болотом; en effet – на самом деле; prétendu – мнимый, так называемый; prétendre – требовать по праву; утверждать) où se perdait un ruisseau (в котором терялся ручеек; se perdre), sortant, comme il semblait, d’une gorge étroite (вытекавший, как казалось, из узкого ущелья; sortir; gorge, f – горло; узкий проход, ущелье) entre deux hauts contreforts de la sierra de Cabra (между двумя высокими отрогами сьерры де Кабра; contrefort, m – реборда, выступ; контрфорс; отрог горного хребта). Je conclus qu’en remontant je trouverais de l’eau plus fraîche, moins de sangsues et de grenouilles (я заключил, что, продвигаясь вверх по течению, я найду более свежую воду, меньше пиявок и лягушек; conclure – заключать; remonter – снова подниматься; подниматься вверх /по реке/; frais – прохладный; свежий; sangsue, f – пиявка; sang, m – кровь; grenouille, f), et peut-être un peu d’ombre au milieu des rochers (и, может быть, немного тени посреди скал; ombre, f). À l’entrée de la gorge, mon cheval hennit (при въезде в ущелье моя лошадь заржала; hennir; hennissement, m – ржание), et un autre cheval, que je ne voyais pas, lui répondit aussitôt (и другая лошадь, которую я не видел, тотчас же ответила ей; répondre).
En effet, en m’approchant, je vis que la prétendue pelouse était un marécage où se perdait un ruisseau, sortant, comme il semblait, d’une gorge étroite entre deux hauts contreforts de la sierra de Cabra. Je conclus qu’en remontant je trouverais de l’eau plus fraîche, moins de sangsues et de grenouilles, et peut-être un peu d’ombre au milieu des rochers. À l’entrée de la gorge, mon cheval hennit, et un autre cheval, que je ne voyais pas, lui répondit aussitôt.
À peine eus-je fait une centaine de pas (едва я проехал около сотни шагов; cent – сто; une centaine de – около ста, примерно сто; pas, m), que la gorge, s’élargissant tout à coup, me montra une espèce de cirque naturel (как ущелье, внезапно расширясь, показало мне что-то вроде природного окоема; s’élargir; large – широкий; une espèce de qch – нечто вроде чего-то) parfaitement ombragé par la hauteur des escarpements qui l’entouraient (превосходно затененного высотою откосов, которые его окружали). Il était impossible de rencontrer un lieu qui promit au voyageur une halte plus agréable (невозможно было найти место, которое предвещало бы путнику более приятный отдых; promettre – обещать; предвещать; halte, f – остановка, стоянка; привал). Au pied de rochers à pic, la source s’élançait en bouillonnant (у подножия отвесных скал устремлялся вниз, бурля, источник; rocher, m; pic, m – пик, остроконечная вершина; à pic – отвесный, крутой; bouillonner – кипеть; бурлить), et tombait dans un petit bassin tapissé d’un sable blanc comme la neige (и падал в небольшой водоем, окруженный белоснежным: «белым словно снег» песком; bassin, m – таз; бассейн, водоем; tapisser – обвешивать коврами; обивать обоями; покрывать сплошь; tapis, m – ковер).
À peine eus-je fait une centaine de pas, que la gorge, s’élargissant tout à coup, me montra une espèce de cirque naturel parfaitement ombragé par la hauteur des escarpements qui l’entouraient. Il était impossible de rencontrer un lieu qui promit au voyageur une halte plus agréable. Au pied de rochers à pic, la source s’élançait en bouillonnant, et tombait dans un petit bassin tapissé d’un sable blanc comme la neige.
Cinq à six beaux chênes verts (пять-шесть прекрасных зеленых дубов), toujours à l’abri du vent et rafraîchis par la source (всегда в укрытии = защищенных от ветра и питаемые источником), s’élevaient sur ses bords, et la couvraient de leur épais ombrage (возвышались по его краям и покрывали = осеняли его своей густой тенистой листвой; bord, m; couvrir); enfin, autour du bassin, une herbe fine, lustrée, offrait un lit meilleur (наконец, вокруг водоема, мелкая блестящая травка предлагала лучшее ложе; fin – тонкий; мелкий; lit, m – кровать, постель; ложе) qu’on n’en eût trouvé dans aucune auberge à dix lieues à la ronde (которое бы не найти ни на одном постоялом дворе на десять миль кругом; aucun – никакой; à la ronde – в окружности, кругом).
Cinq à six beaux chênes verts, toujours à l’abri du vent et rafraîchis par la source, s’élevaient sur ses bords, et la couvraient de leur épais ombrage; enfin, autour du bassin, une herbe fine, lustrée, offrait un lit meilleur qu’on n’en eût trouvé dans aucune auberge à dix lieues à la ronde.
À moi n’appartenait pas l’honneur d’avoir découvert un si beau lieu (не мне принадлежала честь обнаружить /первым/ такое красивое место; honneur, m; découvrir – раскрывать, обнажать; открывать, обнаруживать). Un homme s’y reposait déjà (какой-то мужчина уже отдыхал там; homme, m – человек; мужчина), et sans doute dormait, lorsque j’y pénétrai (и, вероятно, спал, когда я туда проник; dormir). Réveillé par les hennissements, il s’était levé, et s’était rapproché de son cheval (разбуженный ржанием, он встал и подошел к своей лошади; hennir – ржать), qui avait profité du sommeil de son maître pour faire un bon repas de l’herbe aux environs (которая воспользовалась сном своего хозяина, чтобы вдоволь поесть травы в окрестностях; faire un bon repas – плотно поесть; repas, m – еда; прием пищи; herbe, f). C’était un jeune gaillard de taille moyenne (это был молодой парень среднего роста; gaillard, m – весельчак; парень; gai – веселый), mais d’apparence robuste, au regard sombre et fier (но по виду крепкий, с угрюмым и гордым взглядом; apparence, f – вид, внешность).
À moi n’appartenait pas l’honneur d’avoir découvert un si beau lieu. Un homme s’y reposait déjà, et sans doute dormait, lorsque j’y pénétrai. Réveillé par les hennissements, il s’était levé, et s’était rapproché de son cheval, qui avait profité du sommeil de son maître pour faire un bon repas de l’herbe aux environs. C’était un jeune gaillard de taille moyenne, mais d’apparence robuste, au regard sombre et fier.
Son teint, qui avait pu être beau (цвет его лица, который, может быть, был /когда-то/ красивым), était devenu, par l’action du soleil, plus foncé que ses cheveux (стал, под воздействием солнца, темнее /цвета/ его волос; action, f). D’une main il tenait le licol de sa monture (одной рукой он держал за недоуздок свою лошадь; tenir; monture, f – верховое животное; лошадь; monter à cheval – ездить верхом), de l’autre une espingole de cuivre (в другой /держал/ мушкетон из меди; cuivre, m). J’avouerai que d’abord l’espingole et l’air farouche du porteur me surprirent quelque peu (признаюсь, что вначале мушкетон и свирепый вид /его/ обладателя меня в некоторой степени озадачили; air, m; farouche – дикий; свирепый; porteur, m – носитель; обладатель; porter – носить; surprendre – застигать врасплох; удивлять; quelque peu – немного, в некоторой степени); mais je ne croyais plus aux voleurs, à force d’en entendre parler et de n’en rencontrer jamais (но я больше не верил в /существование/ разбойников, в силу того, что слышал о них, но никогда не встречал их; croire à qch, à qn – верить во что-либо, в кого-либо; voleur, m – вор; грабитель; voler – красть; entendre parler de qn, de qch – слышать о ком-то, о чем-то). D’ailleurs, j’avais vu tant d’honnêtes fermiers s’armer jusqu’aux dents pour aller au marché (к тому же я видел стольких честных фермеров, которые вооружаются до зубов, чтобы поехать на рынок), que la vue d’une arme à feu ne m’autorisait pas à mettre en doute la moralité de l’inconnu (что вид огнестрельного оружия не давал мне права подвергать сомнению нравственность незнакомца; feu, m – огонь; autoriser – давать разрешение, позволение).
Son teint, qui avait pu être beau, était devenu, par l’action du soleil, plus foncé que ses cheveux. D’une main il tenait le licol de sa monture, de l’autre une espingole de cuivre. J’avouerai que d’abord l’espingole et l’air farouche du porteur me surprirent quelque peu; mais je ne croyais plus aux voleurs, à force d’en entendre parler et de n’en rencontrer jamais. D’ailleurs, j’avais vu tant d’honnêtes fermiers s’armer jusqu’aux dents pour aller au marché, que la vue d’une arme à feu ne m’autorisait pas à mettre en doute la moralité de l’inconnu.