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Том 7. О развитии революционных идей в России - Александр Герцен

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Depuis dix ans, nous voyons des Russes se fixer en France, non pas seulement pour être hors du pays ou pour se reposer, mais bien pour protester hautement contre le despotisme pétersbourgeois, pour travailler à l'oeuvre de l'affranchissement commun. Loin de devenir des étrangers, ils se faisaient des organes libres de la jeune Russie, ses interprètes.

Ce n'est point là un fait du hasard.

L'émigration est le premier indice d'une révolution qui se prépare.

Elle étonne en Russie, on n'y est pas habitué. Et pourtant, dans tous les pays, au début des réformes, lorsque la pensée était faible et la force matérielle illimitée, les hommes de forte conviction, de foi réelle, de dé-voûment véritable, se réfugiaient en pays étrangers, pour faire entendre de là leur voix. L'éloignement, le bannissement volontaire, prêtaient à leurs paroles une force et une autorité supérieure; ils prouvaient que leurs convictions étaient sérieuses.

Nous sommes persuadés que le temps est venu où la Russie doit faire connaître sa pensée. Cola est-il possible dans le pays même? Où est le sol en Russie où l'homme libre puisse agir, sans faire de tristes concessions? Le despotisme s'accroît, la pensée ne peut plus se mouvoir, enchaînée par la double censure. Il faut se taire ou feindre: il faut parler par insinuations par des demi-mots, parler à l'oreille, lorsque la trompette suffirait à peine pour réveiller les endormis.

Il est temps de nous justifier du reproche de la souffrance passive. Les Russes ont beaucoup supporté parce qu'ils étaient jeunes et que rien n'était mûr: ni chez eux, ni ailleurs. Ce temps passe. On ne peut forcer les hommes à se taire, que tant que le besoin de parler n'est pas puissant ou que l'idée est faible. Il est impossible de réprimer la pensée virile, la forte volonté. Si elles ne brisent pas l'obstacle, elles échappent à la poursuite. Comprimées d'un côté, elles surgissent d'un autre.

En ce moment donc l'émigration est l'acte d'opposition le plus significatif que le Russe puisse faire. Le gouvernement l'a bien compris ainsi. Il croyait à peine qu'on eut l'audace de rester, une fois rappelé, le courage de renoncer à sa patrie et à sa fortune. Le refus de M. Ivan Golovine de rentrer a tellement surpris l'empereur qu'il y répondit par la promulgation de l'oukase incroyable sur les passeports. Cependant, M. Bakounine agissait de même en Suisse. Tous les deux abandonnaient en Russie des positions assurées, un avenir brillant.

Le gouvernement irrité les condamna, par l'intermédiaire de son sénat dirigeant, aux travaux forcés, peine exorbitante, absurde et inouie, puisqu'elle s'appliquait à des contumaces pour avoir été contumaces!

C'est au tzarisme qu'était réservée cette belle invention de frapper ainsi les hommes parce qu'ils préféraient de vivre sous un tel degré de latitude et de longitude, plutôt que sous un tel autre.

Les émigrés ne restèrent pas inactifs.

Bakounine, penseur profond, propagandiste ardent, était un des socialistes les plus hardis, bien avant la révolution du 24 février. Officier de l'artillerie russe, il quitta le canon pour l'étude de la philosophie, et quelques années plus tard, il abandonna la philosophie abstraite pour la philosophie concrète, le socialisme. Bakounine ne pouvait se complaire dans le quiétis-me philosophique, dans lequel s'enterraient les professeurs de Berlin. H fut au nombre des premiers qui protestèrent en Allemagne (dans le journal de Ruge) contre cette fuite dans les sphères absolues, contre cette abstention inhumaine et sans cœur qui ne voulait participer en rien aux peines et aux fatigues de l'homme contemporain, en se renfermant dans une soumission apathique à une nécessité fatale inventée par eux-mêmes. Bakounine ne voyait d'autre moyen de lever l'antinomie entre la pensée et le fait, que la lutte; il devint révolutionnaire.

En 1843, Bakounine, poursuivi par les réactionnaires suisses et dénoncé par eux au gouvernement russe, reçut la sommation de rentrer en Russie. Il refusa d'y obtempérer et passa à Paris. En 1847, dans un discours qu'il prononça à l'occasion de l'anniversaire de la révolution polonaise, il tendit une main amie aux Polonais. On l'expulsa pour ce fait de la France.

Après la révolution de février, le vieux monde chancela, l'Allemagne, les Slaves s'agitèrent. Bakounine se rendit à Prague et représenta l'idée républicaine au congrès slave. Son influence sur le peuple à Prague, au dire des Bohèmes eux-mêmes, ne peut être' comparée qu'à l'influence de Hecker sur les Allemands.

La révolution allemande comprimée en Autriche, à Bade, en Prusse, fit un effort suprême en Saxe. Dresde osa lever la tête, lorsque Vienne et. Berlin écrasés par les soldats se renfermaient dans un désespoir triste et morne. Bakounine fut à la tête de ce mouvement, il présida les réunions et dirigea la défense de la ville.

Après la prise de Dresde, il tomba dans les mains de ses ennemis. On le traduisit devant une Haute Cour de Saxe qui le condamna à la peine capitale. Le très-pieux roi de Saxe, par horreur du sang, commua cette peine en celle de la détention perpétuelle. Mais l'Autriche voulut aussi avoir sa part à l'exécution d'un martyr de la cause slave. La Saxe livra Bakounine;, on le transporta, les fers aux pieds, à Gradschine, forteresse près de Prague, où l'on ouvrit une enquête.

Manie indigne d'un gouvernement d'aller glaner après les bourreaux d'un autre pays et achever les victimes.

De Gradschine on envoya Bakounine à Olmütz. On prétend qu'il va être livré à la Russie…

Qu'il aille donc dans les neiges de la Sibérie, presser la main de ces vieillards glorieux, exilés en 1826, qu'il aille, suivi de nos vœux, dans ce grand cimetière russe où reposent tant de martyrs de notre cause.

Bakounine, succombant à la fois avec la révolution allemande et allant en Sibérie pour l'Allemagne, la veille peut-être d'une guerre avec la Russie, servira de gage et de preuve de cette sympathie qui existe entre les peuples de l'Occident et la minorité révolutionnaire en Russie.

Les travaux littéraires de M. Ivan Golovine ont été également appréciés en France,en Allemagne, en Angleterre. Depuis la publication de «La Russie sous Nicolas Ier», en 1845, jusqu'à celle des «Mémoires d'un prêtre russe», en 1849, l'auteur n'a pas discontinué sa guerre contre le despotisme de Pétersbourg. Il dévoile ce que le gouvernement russe cherche soigneusement à cacher, il raconte en Europe ce qu'on tait en Russie. Il faut connaître quelle crainte le gouvernement russe a de l'opinion publique en Europe, devant laquelle il tremble comme le parvenu devant l'opinion d'un salon aristocratique, pour comprendre toute la portée des écrits de M. Golovine.

Expulsé de Paris, après le 13 juillet 1849, il poursuivit son activité en Suisse, en Angleterre, en Italie, vouant à la risée publique la camarilla de Pétersbourg qui bondit d'indignation, habituée qu'elle est aux saluts et prosternations. Il dénonce l'étroite politique, l'administration dépravée de la Russie, les hommes arriérés et médiocres qui meuvent cet immense, levier commençant au palais d'Hiver et finissant à Kamtschatka, il montre avec pitié au gouvernement rétrograde de la république française son idéal du Pouvoir fort, lui faisant honte de se mettre à la remorque de l'absolutisme moscovite.

Ce fut lui, un Russe émigré, qui présida à Paris le club de la Fraternité des Peuples, lui, qui appelé comme témoin, devant la Haute Cour de Bourges, trouva de nobles paroles pour la défense de la Pologne.

Notre ami Nicolas Sazonoff, expulsé de France en 1849, a été un de» défenseurs les plus zélés de la démocratie dans la «Tribune des peuples» et dans la «Réforme»

…L'émigration russe n'est qu'un germe, mais un germe contient souvent un grand avenir. L'émigration russe croîtra, car son opportunité est évidente, car elle représente non la haine ou le désespoir, mais l'amour du peuple russe et la foi dans son avenir.

<Прежде чем закончить, важно указать на зарождающийся и зреющий революционный элемент, будущность которого бесспорна.

Во все времена русские поселялись за границей. Жалованная грамота дворянству удостоверяла право, данное всему этому классу народа, и ни один из государей, до Николая, не думал это право оспаривать. Одни эмигрировали из политических соображений или личных счетов. Адмирал Чичагов, командовавший на Березине, и генерал граф Остерман-Толстой, победитель при Кульме, покинули родину. Н. Тургенев, один из участников заговора 14 декабря, остался во Франции, чтобы избежать наказания, к которому его приговорили. Другие поддались религиозным слияниям и стали последователями иезуитов.

Но это были лишь единичные случаи, которые не могли послужить к образованию ядра эмиграции за отсутствием общей идеи и цели для совместной деятельности.

Мы видим, как в течение десяти лет русские поселяются во Франции не только для того, чтобы жить вне родины или отдохнуть, но чтобы открыто протестовать против петербургского деспотизма, чтобы работать над делом всеобщего освобождения. Нисколько не превратившись в чужеземцев, они стали свободными посредниками молодой России, ее истолкователями.

Это факт, отнюдь, не случайный.

Эмиграция – первый признак готовящейся революции.

В России ей удивляются, к ней там не привыкли. И однако во всех странах, в начале реформ, когда мысль была слабой, а материальная сила неограниченной, люди твердых убеждений, питающие подлинную веру, но-настоящему преданные, находили себе убежище на чужбине, чтобы заставить оттуда услышать свой голос. Изгнание, добровольная ссылка сообщали их словам силу и необыкновенный вес, свидетельствуя о серьезности их убеждений.

Мы уверены, что пришла пора России выразить во всеуслышание свою мысль. Возможно ли это в самой России? Есть ли там почва, где мог бы действовать свободный человек без печальных компромиссов? Деспотизм усиливается, мысль, скованная двойной цензурой, не может более шевельнуться. Надобно молчать или притворяться: надобно говорить намеками, полусловами, шептать на ухо, когда и звука трубы «было бы мало, чтобы пробудить спящих.

Пора нам отвести от себя упрек в том, что наше страдание пассивно. Русские многое вынесли, ибо были молоды, ибо ничто не созрело ни внутри страны, ни вне ее. Это время проходит. Нельзя принудить людей молчать, разве только у них самих нет властной потребности высказаться или их мысль немощна. Невозможно укротить возмужавшую мысль, сильную волю. Если они не уничтожают препятствие, то ускользают от преследований. Подавляемые с одной стороны, они возникают с другой.

Таким образом, в настоящее время эмиграция является наиболее значительным актом противодействия, какое только возможно для русского. Правительство хорошо это поняло. Оно с трудом верило, чтобы люди, будучи вызваны обратно, имели смелость ослушаться, имели мужество отказаться от своей родины и своего достояния. Отказ Ивана Головина возвратиться так поразил императора, что в ответ он обнародовал невероятный указ о паспортах. Однако Бакунин поступил таким же образом в Швейцарии. Оба отказывались от обеспеченного положения в России, от блестящего будущего. Раздраженное этим правительство приговорило их при посредстве правительствующего сената к каторжным работам – каре чрезмерной, нелепой и неслыханной, ибо она применялась к неявившимся на суд, за то, что они не явились на суд!

Именно царизму принадлежит эта блестящая выдумка – карать подобным образом людей за то, что они предпочитают жить под таким-то градусом широты и долготы, а не под другим.

Эмигранты не остались бездеятельными.

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