Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев
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Les moments de loisir que me laissait mon travail ou plutôt les instants que j’ai dû passer en société avec les personnes les plus estimables de Wiburg et ses environs, je les ai employés à m’instruire de choses intéressantes relatives à ce gouvernement; un des résultats est que là les écoles paroissiales sont au moins aussi nécessaires qu’en Livonie. Là le paysan a déjà une constitution libre; mais il est pauvre et vexé uniquement faute d’une instruction qui lui donne de la dignité. Les remarques que je Vous ai faites sur les asservis paysans dans les tribunaux de Livonie cadrent absolument ici. L’ignorance de ces braves gens livra chaque d’eux à la main d’un chef qui les surpassa en connaissance.
Je prends la liberté de joindre, selon l’ordre que Vous m’avez donné, une note relativement au directeur des écoles de Livonie, Albanus, et le Suisse Zwicky, et de Vous rappeler Votre promesse touchant la Croix de Wladimir pour le premier, qui l’a méritée à tant d’égard. Quant à son uniforme que le Comte de Buxhöwden si zélé pour le bien de l’Église, veut lui ôter, Sire, si Vous croyez que l’épée puisse être vue de mauvais œil par les faibles, Albanus ne pourrait-il pas porter l’uniforme sans épée à cause de son emploi eclésiastique2. Le même courrier qui lui apportera cet ordre lui apportera en même temps la distinction honorable que Vous daignez lui accorder; ce qui lui prouvera clairement qu’en cédant au préjugé des faibles Vous rendez justice à son mérite. Mais j’ose Vous supplier que cet ordre ne lui parvienne que par le Ministre de l’instruction publique.
Sire! Je ne mets jamais la main à la plume pour Vous écrire sans sentir avec une tendre émotion le bonheur d’oser le faire. Continuez-moi ce bonheur et accordez-moi celui de Vous voir encore. Mon cœur, qui pense continuellement à Vous, me dit que dans une nouvelle entrevue je pourrai Vous faire part de remarques utiles qu’il vaut mieux ne pas confier au papier. – Tout ce que je vois et entends je le rapporte à Vous; cette manière d’exister que je me suis faite en dépit des circonstances est à moi; c’est mon bien, c’est ma richesse, un fond qui me rendra heureux quelque soit l’avenir que le sort me prépara. Aimez-moi; je commence à le mériter.
Parrot
39. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg], 26 janvier 1805
Sire,
Je ne sais comment commencer cette lettre que mon devoir me force cependant de Vous adresser. Je crains de paraître abuser de cette bonté ineffable que Vous avez pour moi! J’ai reçu avant-hier les devis des bâtiments de l’Université1, faits sur les données que l’expérience a fournies, et la somme est énorme à mes yeux, quoique ces devis soient faits par la plus pure intégrité: c’est le professeur Krause qui les a faits. Non seulement nous devons terminer les bâtiments dont Vous avez décrété l’exécution en Avril 1803 et pour lesquels Vous nous avez accordé une somme de 120 000 Rbl. qui ne suffit pas à beaucoup près <il faudra encore une somme d’environ 229 000 Rbl.>, mais il reste encore plusieurs besoins de ce genre qui ne Vous furent pas présentés alors parce que nous nous en tînmes au plus pressant; nous n’osions tout espérer. Daignez Vous souvenir, Sire, que je ne m’adressai pas directement à Vous pour cet objet. Ces besoins consistent outre les bâtiments pour l’économie de l’Université en général et des instituts en particulier, orangeries et serres pour le jardin botanique, en un manège et des bains pour les étudiants. Ce dernier objet qui paraît le moins nécessaire est un des besoins les plus pressants; notre fleuve où se baignent les jeunes gens est traître et engloutit chaque année plusieurs victimes de l’imprudence. Tous ces besoins réunis forment un déficit total dans la caisse de l’Université de 364 541 Roubles.
Sire! Il est sûr que comparée aux bâtiments considérables et nombreux qu’elle produira cette somme n’est pas disproportionnée. Mais c’est de Vous que nous espérons ces sacrifices considérables, de Vous qui en faites tous les jours pour nous et pour tous Vos sujets. Cette idée me peine, m’attriste extrêmement. Il me semble qu’en Vous demandant ces sommes je Vous prive d’autres jouissances. Je suis, il est vrai quant à moi, indifférent pour les richesses, mais je sais comment Vous employez les Vôtres – je sais davantage. – Mais il ne fallait pas me mettre dans le cas de revenir une troisième fois.
Ma raison me dit, il est vrai, que nous avons fait tout ce qui est humainement possible pour diminuer ces sommes; que nous avons produit toutes les sommes de fondation de nos collections et appareils par des épargnes qu’une sage économie de nos revenus ordinaires nous a permis de faire, tandis que le seul article de l’histoire naturelle et de la physique à l’Université de Moscou Vous coûte 50 000 Ducats par l’achat du Cabinet de la comtesse Jablonska2; elle me dit que les bâtiments des Universités de Charkow et de Casan coûteront beaucoup plus que les nôtres, et que dans tous les bâtiments que nous construisons nous n’avons pas songé à fournir des logements à nos professeurs quoiqu’à Moscou les professeurs soient logés ou indemnisés aux frais de la Couronne. Mais le sentiment est plus fort que ces raisons, parce que c’est de Vous que j’espère ces sacrifices, moi qui voudrait me sacrifier pour Vous.
Que le ciel Vous récompense de Vos bienfaits et me punisse s’il le faut de Vous les avoir demandés!
Parrot
40. G. F. Parrot à Alexandre IER
[Saint-Pétersbourg],