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Стихотворения. Проза - Дмитрий Владимирович Веневитинов

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нас приглашал еще зайти к нему, чтобы познакомиться с его женою[229], которая сейчас находится в Липецке. Мы побывали у прокурора, который нас уверил, что дело Норберга[230] не стоит того, чтобы на него обращать внимание, и предложил нам свои услуги в наших делах; подобное предложение сделал нам и председатель гражданской палаты. Александра Патроновна[231], которую мы встретили в доме Льва Алексеевича, где она в настоящее время проживает, очень приглашала нас остановиться у нее, когда мы возвратимся в город. Одним словом, все, кого мы здесь видели: родственники, новые и старые знакомые — отнеслись к нам с самым теплым участием и были нам рады. Иначе обстоит дело с нашими людьми, и если на их лицах написана радость, то не думаю, чтобы она была и в их сердцах. Данила Иванович[232], вероятно, рассказал вам о всех злоупотреблениях, которые открываются нами ежедневно. По правде сказать, все это выходит за границу дозволенного и дерзость так велика, что мошенники даже не надевают масок. Вот почему я совершенно уверен, что наш приезд был для многих более неожиданным, чем радостным. Посылаю вам 1000 <рублей>. Это все, что мы могли до сих пор собрать. Надеюсь скоро вам послать больше, хотя бы пришлось эти деньги занять. Деньги, что высылаем сейчас, адресованы г. Герке[233], который будет так любезен получить их. Андрей[234] отправится в путь через несколько дней. Прощайте, моя дорогая maman; как я стремлюсь к вам поцеловать ваши ручки и получить ваше благословение!

Ваш покорный сын

Дм. Веневитинов]

2. С. В. ВЕНЕВИТИНОВОЙ[235]

<Середина августа 1824. Новоживотинное>

Ma chere Sophie.

Par ou commencerais-je ma lettre? Faut-il vous conduire sur le grand chemin ou bien dois-je vous transporter d'un saut a la campagne? Ce dernier moyen serait sans contredit plus commode, surtout pour moi, qui ai deja fait une fois la route; mais comme cela pourrait ne pas etre tout a fait satisfaisant pour une petite curieuse comme vous, je retourne sur mes pas et nous ferons ensemble le voyage. Representez-vous dans une petite caleche assez etroite (comme je l'ai appris depuis) trois figures que vous connaissez je crois assez pour me dispenser de vous les peindre. Representez-vous ces trois figures assises de cote comme au diner de Boileau en faisant une petite volte a droite, et vous aurez une idee tres juste de l'equipage et du joli groupe qu'y faisaient les voyageurs. Cependant comme nous n'avions pas oublie a Moscou notre genie inventeur nous imaginames bientot de ne nous mettre qu'a deux dans le fond et de placer le troisieme en guet sur le devant de la voiture; de cette maniere nous dormions a tour de role et fort commodement. A present il faut vous dire ce que je faisais quand a mon tour je me placais sur le devant de notre petite caleche car je ne sais pas ce qu'y faisaient les autres pendant que je dormais d'un somme profond. J'essayais de lire mais cela m'etait impossible, je n'avais avec moi qu'un petit evangile grec dont je ne pus dechiffrer que quelques lignes tant les caracteres en etaient menus et le cahotement violent. Je crus donc pouvoir faire des vers, mais le rossignol ne chante qu'a l'ombre des bosquets et pour moi j'etais expose a toute l'ardeur du soleil; d'ailleurs les secousses de notre voiture ne ressemblaient en rien a ce doux balancement qu'on eprouve assis sur le dos de Pegase. Je me mis donc a fredonner quelques airs de Genischta et le choeur du Freyschutz. J'en etais au plus beau passage quand tout a coup notre voiturier inspire probablement par ma voix melodieuse et par tout ce que je mettais d'expression dans mes chants entonna un air des plus baroques et cela a gorge deployee. La honte de ceder me fit hausser la voix; je luttai contre cet Orphee d'une nouvelle espece mais malgre tous mes efforts je fus oblige de plier bagage; car le drole avait bien plus de gosier que moi. Alors il ne me resta plus rien a faire qu'a compter les verstes. C'est ainsi que se passait la journee. Pour les nuits c'etait autre chose. Au clair de la lune qui nous preta ses rayons pendant tout le chemin, mes pensees etaient plus libres, je pouvais plus facilement me transporter parmi vous, causer avec vous et vous entendre. Je m'oubliais au point de crier «Arretez» et quand on s'arretait c'est ce que j'etais tout confus d'avoir vu les enfants jouant sur le grand chemin et qu'on allait ecraser tandis qu'il n'y avait la ni enfants ni qui que ce soit, mais que je revais tout eveille. Vous pouvez bien vous figurer que dans un voyage de la sorte il n'y a que changement de scene, mais jamais changement d'action. C'etait toujours partir et arriver. N'allez cependant pas croire que tout cela se fasse en un moment. Entre arriver et partir il y a un intervalle souvent seme de mauvais pas. Grace a Dieu ils n'etaient pas frequents pour cette fois... Mais il est temps de deteler enfin nos coursiers haletants. Arrivons a la campagne. C'est la que tendait tout notre voyage et nous n'y sommes qu'au bout de mon feuillet. Chose toute simple. Pour le voyage je vais bientot l'oublier moi-meme et je ne pourrai rien vous en dire dans la suite. Quant a la campagne, je pourrai vous en parler dans chaque lettre et a mesure que les impressions naitront. Je vous dirai seulement que j'ai revu le Don avec enthousiasme et je ne m'etonnerai pas si ses ondes deviennent pour moi les ondes de l'Hipocrene. Je ne puis meme encore vous en parler, le sentiment est trop vif, il faut le laisser reposer. Adieu donc. Portez-vous bien et embrassez

Votre frere et ami

Dmitri

Bien des choses a M-rs Bayleau, D'Horrer, et Genischta, je suis bien fache de ne pas l'avoir vu avant notre depart. Saluez bien Софья Пажроновне.

J'ecrirais encore mais je vous assure que je n'ai pas le temps. Saluez tout le monde de ma part. Mes

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