Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота - Андрей Юрьевич Андреев
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<La seule puissance qui puisse Vous gêner est l’Angleterre à cause de l’approvisionnement de l’armée de la côte. Mais le trajet de Constantinople à Londres et de Londres à Constantinople, soit par mer, soit par terre, exige près de 40 jours et alors Votre armée de la côte est sûrement aux portes de Constantinople. Et puis l’Angleterre préférera à ajouter l’isle de Rhodos aux dédommagements qu’elle a déjà (les isles Ioniennes et Malte).>
Cette opération militaire, qui ne coûtera <pas la moitié autant de sang que cette de l’Espagne11> presque pas de sang, étant terminée, il s’agit de savoir que faire du pays conquis, problème souvent plus difficile à résoudre que celui de la conquête. Le but étant la délivrance des Grecs il faut leur former un État composé de tout ce que l’on nommait la grande Grèce, la Macédoine y comprise, et des isles de l’Asie mineure, et lui donner un roi national avec une constitution représentative, pour ôter à la nation son ancienne démangeaison de former de petites républiques. Vous protégerez, Sire, cette élection libre par l’armée de 25 000 Russes qui se trouve déjà à Salonique, où se rendront les députés. Corinthe sera la capitale du nouveau royaume qui aura pour frontière au nord-ouest le fleuve Drino, au nord la chaîne de montagnes qui séparent la Macédoine de Bulgarie, à l’est le fleuve Strymon qui sépare la Macédoine de la Romanie jusqu’à Contessa et la mer Égéenne jusqu’au continent de l’Asie mineure, au sud et à l’ouest la mer Méditerranée.
Cette fondation d’un nouvel État vraiment européen, cette restitution de la Grèce dans ses anciens droits <avec une constitution durable> Vous rendra l’amour de l’Europe et sera un monument indélébile élevé, Sire! à Votre gloire.
<Le reste de la Turquie Européenne est composé de la Croatie et Dalmatie turques, de la Bosnie, Servie, Walachie, Moldavie, Bulgarie et Romanie. Ces provinces peuvent en rester à l’Empire Ottoman (ce qui n’est pas à conseiller parce que ce ne serait que faire l’ouvrage à demi) ou être partagées entre la Russie et l’Autriche pour engager cette puissance à rester tranquille, qui le sera d’autant plus qu’elle sait que, outre l’armée de Turquie, Vous avez encore 500 000 hommes prêts à percer jusques en Hongrie.> Quant aux autres provinces conquises, il est deux moyens d’en disposer: ou de les rendre à la Turquie, ne Vous réservant que la gloire et une indemnisation pour les frais de la guerre, ou de les partager entre la Russie et l’Autriche. Le premier parti aurait pour Vous l’avantage d’un désintéressement complet et le désavantage pour l’humanité de perpétuer la tyrannie asiatique et l’Islamisme dans ces provinces. Si Vous choisissez le second parti, alors Vous pourrez garder, Sire, la Moldavie, la Walachie entières, la Bulgarie jusqu’au fleuve Esker qui passe près de Sophie, et la Romanie. L’Autriche obtiendrait la Croatie et la Dalmatie avec le Paschalik de Scutari jusqu’au Drino, la Servie et la partie occidentale de la Bulgarie jusqu’à l’Esker, en sorte que l’Autriche et la Russie seraient séparées par une frontière mouillée formée par le Danube depuis Tzile jusqu’à Orsowa et par l’Esker depuis Tzile jusqu’à la Macédoine.
Il est inutile d’énoncer longuement les avantages politiques et commerciaux que cette grande opération aurait. L’inspection de la carte les indique assez. l’Autriche y gagnerait un arrondissement qui ferait masse avec la Dalmatie vénitienne, la Hongrie et le Banat. La